Vers le milieu de la nuit, seulement, il pensa qu'il allait mourir. Il ne savait pas comment on meurt. Sans doute un homme meurt-il lorsqu'il est prêt à mourir, et il est prêt lorsqu'il est trop malheureux. Ou bien, peut-être, un homme meurt-il lorsqu'il ne lui reste plus rien d'autre à faire. C'est un chemin qu'un homme prend lorsqu'il n'a plus où aller... Mais il ne mourut pas. Son cœur battait, battait toujours. Il n'était pas plus facile de mourir que de vivre.
Mais se faire tuer comme ça, c'est seulement se soulager. C'est presque se faire plaisir. Ce qu'il faut faire, c'est tenir et vaincre. Il faut gagner la guerre, pendre les salopards, et construire une société où des choses comme ça, ça ne se verra plus jamais.
La vérité, c'est qu'il y a des moments dans l'histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l'homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d'une cachette, d'un refuge. Ce refuge, parfois, c'est seulement une chanson, un poème, une musique, un livre. [...] Il n'y a pas d'art désespéré - le désespoir, c'est seulement un manque de talent.
- Ce n'est pas de la faute des hommes. C'est la faute à Dieu.
- Ne dis pas ça.
- Il est dur avec nous.
- Il ne faut jamais dire ça.
- Il a fait brûler mon village par les Allemands.
- Peut-être que ce n'est pas de sa faute. Peut-être qu'il ne peut pas s'empêcher.
- Il nous a donné la faim et le froid, les Allemands et la guerre.
- Peut-être qu'il est très malheureux. Peut-être que ça ne dépend pas de lui. Peut-être qu'il est très faible, très vieux, très malade. Je ne sais pas.
- Personne ne sait.
- Peut-être qu'il voudrait bien nous aider, mais que quelqu'un l'en empêche. Peut-être qu'il essaie. Peut-être qu'il réussira un jour, si on l'aide un tout petit peu.
- Peut-être.
- Et que feront-ils, nos amis, quand ils auront gagné la bataille?
- Ils feront un monde nouveau.
- Nous ne pourrons pas les aider. Nous sommes trop petits. C'est dommage.
- Ce n'est pas la taille qui compte, c'est le courage.
- Comment sera-t-il, ce monde nouveau?
- Il sera sans haine.
- Il faudra tuer beaucoup de gens, alors...
- Il faudra tuer beaucoup de gens.
- Et la haine sera toujours là... Il y en aura encore plus qu'avant...
- On ne les tuera pas, alors. On les guérira. On leur donnera à manger. On leur construira des maisons. On leur donnera de la musique et des livres. On leur apprendra la bonté. Ils ont appris la haine, ils peuvent bien apprendre la bonté.
- La haine ne se désapprend pas. Elle est comme l'amour.
- Je connais la haine. Les Allemands me l'ont enseignée. [...] Je les hais!
- Il ne faut pas. Quand nous aurons des enfants, nous leur apprendrons à aimer et non à haïr.
- Nous leur apprendrons à haïr aussi. Nous leur apprendrons à haïr la laideur, l'envie, la force, le fascisme...
- Qu'est-ce que c'est, le fascisme?
- Je ne sais pas exactement. C'est une façon de haïr.
Et soudain Janek eut peur, il eut peur de la mort. Une balle allemande, le froid, la faim, et il disparaîtrait avant d'avoir bu dans son âme le graal humain, créé dans la peste et dans la haine, dans les massacres et le mépris, à la sueur de leur front et au prix de leurs larmes de sang, dans la grande souffrance du corps et de l'esprit, dans la colère ou l'indifférence du ciel, le labeur incomparable de ces fourmis humaines, qui ont su, en quelques années de vie misérable, créer de la beauté pour des millénaires.
En Europe on a les plus vieilles cathédrales, les plus vieilles et les plus célèbres Universités, les plus grandes librairies et c'est là qu'on reçoit la meilleure éducation - de tous les coins du monde, il paraît, on vient en Europe pour s'instruire. Mais à la fin, tout ce que cette fameuse éducation européenne vous apprend, c'est comment trouver le courage et de bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rien fait
Les hommes meurent pour conserver une certaine beauté de la vie. Une certaine beauté naturelle...
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 78
Moi je veux bien admettre que nous sommes peut-être des survivants d'une époque révolue, et que le poids des réalités ignobles nous fera bientôt disparaître de la planète, un peu comme les éléphants, tenez.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 96
Il avait aussi le plus grand respect de l'humour parce que c'était une des meilleures armes que l'homme eût jamais forgées pour lutter contre lui-même.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 99
Les gens se sentent tellement seuls et abandonnés, qu'ils ont besoin de quelque chose de costaud, qui puisse vraiment tenir le coup. Les chiens, c'est dépassé, les hommes ont besoin des éléphants.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 134
Il [...] me demanda sarcastiquement si je savais que les éléphants étaient en réalité les derniers individus – oui, monsieur – et qu'ils représentaient, paraît-il, les derniers droits essentiels de la personne humaine, maladroits, encombrants, anachroniques, menacés de toutes parts, et pourtant indispensables à la beauté de la vie.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 153
Le règlement de comptes entre les hommes frustrés par une existence de plus en plus asservie, soumise, et la dernière, la plus grande image de liberté vivante qui existât encore sur terre, continuait à se jouer quotidiennement dans la forêt africaine.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 181
L'Islam appelle cela « les racines du ciel », pour les Indiens du Mexique, c'est « l'arbre de vie », qui les pousse les uns et les autres à tomber à genoux et à lever les yeux en se frappant la poitrine dans leur tourment. Un besoin de protection auquel les obstinés comme Morel cherchent à échapper par des pétitions, des comités de lutte et des syndicats de défense – ils essaient de s'arranger entre eux, de répondre eux-mêmes à leur besoin de justice, de liberté, d'amour – ces racines du ciel si profondément enfoncées dans leur poitrine…
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 223
Ils ne pouvaient donc imaginer à quel point la défense d’une marge humaine assez grande et généreuse pour contenir même les géants pachydermes pouvait être la seule cause digne d'une civilisation.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 259
Ils sont tellement habitués à renifler leur petite ordure que lorsque quelqu'un a besoin de respirer un bon coup, de se tourner enfin vers un objet vraiment important, grand, qu’il faut sauver à tout prix, ça les dépasse.
Les Racines du ciel (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 279
J'en arrivais presque à conclure qu'un pseudonyme ne suffisait pas, comme moyen d'expression littéraire, et qu'il fallait encore écrire des livres.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 24
Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 38
La véritable tragédie de Faust, ce n'est pas qu'il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c'est qu'il n'y a personne pour vous acheter votre âme.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 132
Je courais joyeusement derrière le dépôt de bois où, coiffé d'un tricorne de papier et armé d'un bâton, je défendais l'Alsace-Lorraine, marchais sur Berlin et accomplissais la conquête du monde jusqu'à l'heure du goûter.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 132
Mon nez n'est plus ce qu'il était autrefois. On a dû me le refaire entièrement dans un hôpital de la R.A.F. Pendant la guerre, à la suite d'un méchant accident d'avion, mais quoi, il est toujours là, j'ai continué à respirer à travers plusieurs républiques et, encore en ce moment, couché entre ciel et terre, lorsque mon vieux besoin d'amitié me reprend et que je pense à mon chat Mortimer, enterré dans un jardin de Chelsea, à mes chats Nicolas, Humphrey, Gaucho et à Gaston, le chien sans race, qui m'ont tous quitté depuis longtemps, il me suffit de lever la main et de toucher le bout de mon nez pour m'imaginer qu'il me reste encore de la compagnie.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 132
Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte la dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurai pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1973 (ISBN2070363732), p. 132
La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu. Elle vous a tout pris, et elle n'a plus rien à vous donner.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980 (ISBN9782070363735), p. 401
Parfois, je lève la tête et regarde mon frère l'Océan avec amitié : il feint l'infini, mais je sais que lui aussi se heurte partout à ses limites, et voilà pourquoi, sans doute, tout ce tumulte, tout ce fracas.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980 (ISBN9782070363735), p. 438
soudain sentir contre ma joue ou dans le creux de l'épaule un museau affectueux… J'ai vécu.
La Promesse de l'aube (1960), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980 (ISBN9782070363735), p. 391 (dernière page)
Cette salope était une sainte, il n'y avait aucun doute, mais il lui avait lui avait fallu quelques temps pour s'en apercevoir, car elle avait le cul chaud et il ne pensait pas que les deux pouvaient aller de pair. Mais il s'était trompé. Apparemment, la sainteté n'avait rien à voir avec le cul.
Les mangeurs d'étoiles, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1966 (ISBN9782070372577), t. La Comédie américaine 1, p. 235
Car la vérité sur l'affaire Faust et sur nous tous, qui nous donnons tant de mal et qui faisons, si je puis dire, des pieds et des mains pour trouver preneur, c'est qu'il n'y a hélas ! pas de Diable pour acheter notre âme...
Les mangeurs d'étoiles, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1966 (ISBN9782070372577), t. La Comédie américaine 1, p. 265
Les Simbas mangeaient leurs prisonniers blancs et noirs après les avoir torturés. Les Allemands les transformaient en savon. La différence entre les Simbas barbares et les Allemands civilisés était tout entière dans ce savon. Ce besoin de propreté, c'est la culture.
Les mangeurs d'étoiles, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1966 (ISBN9782070372577), t. La Comédie américaine 1, p. 351
Une révolution qui hésite devant le sang des femmes et des enfants est vouée à l'échec. C'est une révolution qui manque d'idéal.
Les mangeurs d'étoiles, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1966 (ISBN9782070372577), t. La Comédie américaine 1, p. 354
En fait, le monde est si plein de vie humaine qu'il y a des gens qui commencent à en avoir par-dessus la tête et qui voudraient bien voir quelque chose d'autre pour changer... quelque chose de propre.
Les mangeurs d'étoiles, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1966 (ISBN9782070372577), t. La Comédie américaine 1, p. 364
Lenny se demandait parfois pourquoi la plupart des vagabonds des neiges étaient américains : sans doute parce que, avec un pays tellement grand et puissant derrière vous, la seule solution, c'est la fuite.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 24
Lenny était d'accord : il avait pour principe d'être toujours d'accord, lorsqu'il n'était pas d'accord, parce qu'un gars qui exprime des opinions idiotes est toujours terriblement susceptible. Plus un type a des idées connes, et plus il faut se montrer de son avis.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 37
Il ne faut jamais faire de mal à personne, parce qu'on ne peut pas faire souffrir quelqu'un sans se rapprocher de lui, et c'est mauvais pour votre aliénation. C'est comme ça que commence la famille, la fraternité, la patrie.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 50
Et ils étaient contre la révolution, parce que, dès qu'une révolution est réussie, cela veut dire qu'elle est foutue.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 64
Un journal a écrit que ce qui nous manque, aux jeunes, je veux dire, c'est une guerre, ce qui ne nous apprend rien sur les jeunes, mais en dit long sur les vieux.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 98
Le bonheur, c'est fait pour être mangé tout de suite, pas pour emporter. Dès qu'on veut le conserver à tout prix, le bonheur, ça devient un merdier.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 129
La révolte des jeunes bourgeois contre la bourgeoisie était condamnée au canular ou au fascisme, la seule différence entre les deux étant quelques millions de morts.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 135
Allez donc vivre en Hongrie. On vous y réduira au silence, ce qui vous donnera le sentiment merveilleux d'avoir quelque chose à dire.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 170
Ils ont trouvé un nom pour cela pensait-elle. Un nom cynique et amer. Ils appellent ça «premier amour». Ça veut dire qu'il y en aura d'autres. «Premier amour». On voit presque leurs sourires sages, renseignés. Mais ils se trompent. Personne n'a jamais aimé deux fois, dans sa vie. Deuxième amour, troisième amour, tout ce que ça veut dire, c'est que ça ne veut plus rien dire.
Adieu Gary Cooper, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1969 (ISBN9782070384525), t. La Comédie américaine 2, p. 191
J’entends par là qu’il faut continuer à faire confiance aux hommes, parce qu’il importe moins d’être déçu, trahi et moqué par eux que de continuer à croire en eux et à leur faire confiance. Il est moins important de laisser pendant des siècles encore des bêtes haineuses venir s’abreuver à vos dépens à cette source sacrée que de la voir tarie. Il est moins grave de perdre que de se perdre.
J’appelle « société de provocation » toute société d’abondance et en expansion économique qui se livre à l’exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu’elle provoque à l’assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu’elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit.
Je pensais dans mes ténèbres que Don Quichotte était un réaliste implacable qui savait discerner, sous l'apparence de la banalité quotidienne et familière, des dragons hideux.
C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un chien dans l'homme et de l'aimer.
La vie est une affaire sérieuse, à cause de sa futilité.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 66
On ne sait pas assez que la faiblesse est une force extraordinaire et qu'il est très difficile de lui résister.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 80
Au moins, dans un État policier, on n'est pas libre, on sait pourquoi, on n'y est pour rien. Mais ce qu'il y a de dégueulasse en France, c'est qu'ils vous donnent même pas d'excuses. Il n'y a rien de plus vachard, de plus calculé et de plus traître que les pays où l'on a tout pour être heureux. Si on avait ici la famine en Afrique et la sous-alimentation chronique avec dictature militaire, on aurait des excuses ça dépendrait pas de nous.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 91
L'amour est peut-être la plus belle forme du dialogue que l'homme a inventé pour se répondre à lui-même.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 109
Quelqu'un à aimer, c'est de première nécessité.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 135
Crier le fascisme ne passera pas, ça fait passer tout le reste.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 172
Et puis, tu sais, si on ne pouvait pas acheter de l'amour avec de l'argent, l'amour perdrait beaucoup de sa valeur et l'argent aussi.
Gros-Câlin (1974), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 2012 (ISBN9782070445622), p. 229
Je n'étais pas devenu un héros, ni même un ambassadeur de France, pas, même secrétaire d'ambassade, mais j'avais tout de même commencé à tenir ma promesse, à donner un sens à ses luttes et à son sacrifice, et mon bouquin, pour léger et mince qu'il fût, jeté sur le plateau de la balance, me paraissait faire le poids.
La promesse de l'aube (1956), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972 (ISBN2070362426), p. 437
Depuis que l'homme rêve, il y a déjà eu tant d'appels au secours, tant de bouteilles jetées à la mer, qu'il est étonnant de voir encore la mer, on ne devrait plus voir que les bouteilles.
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (1975), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN9782070370481), p. 12
Le bonheur est toujours un crime passionnel : il supprime tous les précédents.
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (1975), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN9782070370481), p. 40
Un jour, mon valet de chambre, Maurice, qui ne pardonne rien à la poussière, soulèvera délicatement mon sourire, lui donnera quelques coups de plumeau et le déposera sur l'étagère de la salle de bains parmi mes autres articles d'hygiène.
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1975 (ISBN2070370488), p. 75
« Changer le monde ... » Il faut, pour nourrir une aspiration aussi vaste, beaucoup d'humilité dans les rapports avec soi-même, car, dans la mesure où il est authentique, ce genre d'ambition demande d'abord le renoncement...
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (1975), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN9782070370481), p. 79
Tu sais quelle est la tragédie de la France ? C'est que c'est un pays qui a eu une influence énorme dans le monde entier... La France a eu tellement d'influence qu'il ne lui en est plus resté pour elle-même. Elle s'est dilapidée en influences.
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (1975), Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2013 (ISBN9782070370481), p. 175
– Qu'est-ce que tu as? Tu fais une tête épouvantable.
– Il y a dans les stations de métro des pancartes placées à côté de la sortie: Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable...
– Laura?
Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1975 (ISBN2070370488), p. 233
J'aurais préféré avoir un père que ne pas avoir un héros.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 42
Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 57
C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 63
[...] les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 68
[...] maigrir... c'est très dur pour une vieille femme qui est seule au monde... Lorsqu'il n'y a personne pour vous aimer autour, ça devient de la graisse.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 86
Monsieur Hamil dit que l'humanité n'est qu'une virgule dans le grand Livre de la vie et quand un vieil homme dit une connerie pareille, je ne vois pas ce que je peux y ajouter. L'humanité n'est pas une virgule parce que quand Madame Rosa me regarde avec ses yeux juifs, elle n'est pas une virgule, c'est même plutôt le grand Livre de la vie tout entier, et je veux pas le voir.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 102
Je m'étais installé sous une porte cochère pour attendre que ça passe mais le temps est encore plus vieux que tout et il marche lentement.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 103
[...] la vie peut être très belle mais [on] ne l'a pas encore vraiment trouvée et [en] attendant il faut bien vivre.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 128
Et vous êtes tellement vieux vous-même que c'est maintenant à Allah de penser à vous et pas vous à Allah.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 140
[Madame Lola] n'avait même pas le droit d'adopter [des enfants], car les travestites [sic] sont trop différentes et ça, on ne vous le pardonne jamais.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 152
Un jour, j'irai à Nice, moi aussi, quand je serai jeune.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 157
[Monsieur Waloumba] pensait que la religion de Madame Rosa se défendait et la rendait impropre à la guérison. Moi ça m'étonnait beaucoup parce que Madame Rosa était dans un tel état qu'on ne voyait pas du tout où la religion pouvait se mettre.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 176
J'ai vu une fois la photo d'un monsieur qui est cul-de-jatte et qui vit sans bras ni jambes. J'y pense souvent pour me sentir mieux que lui, ça me donne le plaisir d'avoir des bras et des jambes.
La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982 (ISBN2070373622), p. 241
Je ne crois pas aux pressentiments, mais il y a longtemps que j'ai perdu foi en mes incroyances. Les « je n'y crois plus » sont encore des certitudes et il n'y a rien de plus trompeur.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 9
La vérité était que la vie nous avait jetés aux orties, l'un et l'autre, et c'est toujours ce qu'on appelle une rencontre.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 11
Je n'étais pas un assassin qui revenait rôder sur les lieux du crime, le lieu lui-même est un très vieux criminel, depuis qu'il tourne autour du soleil.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 13
Si je pouvais vous faire rire quelques instants à mes dépens, je me sentirais mieux : prêter à rire, il n'y a rien de plus généreux.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 16
Deux désespoirs qui se rencontrent, cela peut bien faire un espoir, mais cela prouve seulement que l'espoir est capable de tout...
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 26
Je suis obligée de te quitter. Je te serai une autre femme. Va vers elle, trouve-la, donne-lui ce que je te laisse, il faut que cela demeure. Sans féminité, tu ne pourras pas vivre ces heures, ces années, cet arrachement, cette bestialité que l'on appelle si flatteusement, si pompeusement : « le destin ».
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 28
Je n'avais pas la moindre chance de m'en tirer seul et la raison était bien simple : j'avais trop aimé pour être encore capable de vivre de moi-même. C'était une impossibilité absolue, organique : tout ce qui faisait de moi un homme était chez une femme.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 40-41
Quand on a deux corps, il vient des moments où l'on est à moitié.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 49
Et je ne vous dis pas que l'on ne peut pas vivre sans amour : on peut, et c'est même ce qu'il y a de si dégueulasse.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 79
Nous crevons de faiblesse, et cela permet tous les espoirs. La faiblesse a toujours vécu d'imagination. La force n'a jamais rien inventé, parce qu'elle croit se suffire. C'est toujours la faiblesse qui a du génie.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 125
Vous êtes là, il y a clair de femme, et le malheur cesse d'être une qualité de vie.
Clair de femme, Romain Gary, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN2-07-037367-3), p. 138
- Rappelle-toi ce que Castelmann a dit, à propos de la pollution du milieu marin et de la destruction des couches d'ozone : "Il n'y a qu'une réponse aux méfaits, erreurs et périls de la science..."
- "... encore plus de science". C'est irréfutable.
Il me dit que c'était l'heure la plus dangereuse sur la route, entre chien et loup, avant que la nuit ne soit tout à fait tombée, avant que le jour n'ait disparu et que l'obscurité ne soit complète ; il n'y avait plus assez de clarté pour y voir sans phares et il était encore trop tôt pour que ceux-ci soient vraiment utiles. C'est également le pire moment de la science, celui où sa lumière ne peut éclairer assez loin...
Il s'assit et regarda les militaires. Les Russes, les Américains. Les miens, les tiens, les nôtres, les leurs. Tous ces petits napoléons de merde. Sans oublier les savants et leur génie de merde. Ce n'est pas de génie que le monde manquait, c'est de limites au génie.
Oui, tout le monde se souvient des hommes illustres et personne ne se soucie des gens qui n'ont été rien, mais qui ont aimé, espéré et souffert.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 32
C'est une terrible solitude de perdre un être aimé, mais c'est une solitude encore plus grande de n'avoir jamais perdu personne.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 35
La chanson réaliste est un genre qui demande beaucoup de malheurs, parce c'est un genre populaire. C'était surtout à la mode au début du siècle, quand il n'y avait pas la sécurité sociale et qu'on mourait beaucoup de misère et de la poitrine, et l'amour avait beaucoup plus d'importance qu'aujourd'hui car il n'y avait ni la voiture, ni la télé, ni les vacances, et lorsqu'on était enfant du peuple, l'amour était tout ce qu'on pouvait avoir de bien.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 48
Je suis un fana des dictionnaires. C'est le seul endroit au monde où tout est expliqué et où ils ont la tranquillité d'esprit. Ils sont complètement sûrs de tout, là-dedans.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 66
C'est toujours bon d'avoir quelque chose qu'on peut imaginer. Il est vrai que des fois ça monte trop haut et après on se casse la gueule. Moi j'ai souvent remarqué qu'il y a quelque chose avec la réalité qui n'est pas encore au point.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 67
Je signale ça à cause de cette idée de Chuck sur l'impuissance, pour montrer qu'il y a toujours quelque chose à faire et que nous ne sommes pas condamnés à rester le cul nu.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 91
Je suis pour la protection des espèces dans leur ensemble, car c'est ce qui manque le plus.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 116
Je ne sais pas pourquoi il l'appelait petite salle d'attente, peut-être qu'il avait quelque part une grande salle d'attente où on pouvait attendre encore plus longtemps et c'est bon pour l'espoir.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 187
On ne devrait jamais permettre à ceux qui ont été quelqu'un de devenir quelque chose.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 230
Je n'avais d'yeux que pour lui, et tu ne vois jamais vraiment un mec quand tu ne vois que lui.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 235
Le stoïcisme, c'est quand on a tellement peur de tout perdre qu'on perd tout exprès, pour ne plus avoir peur.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 240
Quand vous êtes heureux, ça donne de l'importance à la vie, et alors on a encore plus peur de mourir.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 241
Quand on a aimé quelqu'un, il reste toujours quelque chose.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 244
C'est plus triste de s'éteindre quand on a brûlé pour rien.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 302
S'il y a une chose impardonnable, c'est de ne pas pardonner.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 311
- Tu es un garçon... inattendu, Jean.
- Il faut s'attendre à tout et surtout à l'inattendu, monsieur Salomon.
L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN978-2-07-037797-8), p. 332
Personnellement, je sais que j'ai eu très peu de choix dans la vie, que c'est l'histoire au sens le plus général et à la fois le plus particulier et quotidien du mot qui m'a dirigé, qui m'en quelque sorte embobiné.
Le sens de ma vie, Romain Gary, éd. Gallimard, 1980, p. 15
Quelles que soient mes réalisations, c'est à cette croix de la Libération que j'attache et que j'attacherai jusqu'à la fin de mes jours la plus grande importance.
Le sens de ma vie, Romain Gary, éd. Gallimard, 1980, p. 44
Avec la notoriété vient un phénomène curieux qui est celui d'une image qui grâce aux médias et par l'intermédiaire de vos caméras, comme je suis en train de faire ici, s'établit dans le public et a fort peu de rapport avec la réalité de l'homme.
Le sens de ma vie, Romain Gary, éd. Gallimard, 1980, p. 94
On ne comprendra absolument jamais rien à mon œuvre si on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité.
Le sens de ma vie, Romain Gary, éd. Gallimard, 1980, p. 99
Ajar fut un des noms que Gary créa pour dire au monde qu'il n'allait pas se résoudre à une mort annoncée, ni celle des hommes, ni celle des mots. Son pseudo fut un dernier pied de nez au morbide qui vous rattrape toujours, mais qu'on peut tromper un temps avec un peu de panache, avec une manigance littéraire qui interdit à l'homme de n'être que lui-même. A travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être un au-delà de soi; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoûtant : l'identité.