Grazia Deledda

romancière et nouvelliste italienne
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Grazia Deledda, née le et morte le , est une femme de lettres italienne, prix Nobel de littérature en 1926.

Grazia Delleda en 1926.

Citations

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Elias Portolu, 1903

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Elias regardait toujours la lune, en se demandant s'il saurait composer une poésie pour Maddalena… Oh ! grand Dieu ! Il s'oubliait donc, et le démon reprenait son empire ! Mais la voix de l'abbé Porcheddu se fit entendre, un peu grave, un peu tremblée, confidentielle et pourtant vibrante, dans ce grand silence de lune pâle, de lande déserte.
– Tu regardes la lune, Elias Portolu, et tu penses à composer une poésie… C'est cela : j'ai bien deviné. Tu es amoureux.


La poésie vraiment belle, c'est la voix de notre conscience quand elle nous dit que nous avons fait notre devoir.


C’est toujours au démon que tu t’en prends ! Je suis las de t’entendre parler ainsi. Qu’est-ce que le démon ? C’est nous-mêmes.


Dans l’ombre, la mère, 1920

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Les occasions de pécher, ou du moins de s'octroyer quelques bons moments, n'avaient pas manqué ; l'envie non plus. Le patron, le domestique, le paysan, le bourgeois, qui ne l'avait pas poursuivie, comme son oncle parmi les tamaris ? L'homme est chasseur et la femme est proie.
  • Dans l’ombre, la mère, Grazia Deledda (trad. Myriam Cheyns-Condé), éd. Cambourakis, 2019  (ISBN 978-2-36624-392-5), p. 25-26


Depuis leur première rencontre, ses yeux à elle avaient cherché les siens et son regard implorait son aide et son amour. Et, peu à peu, il s'était laissé prendre par ce regard et s'était approché d'elle avec un sentiment de pitié : la solitude qui les entourait les poussait l'un vers l'autre. Depuis, leurs yeux s'étaient cherchés, leurs mains s'étaient serrées et, cette nuit, ils s'étaient embrassés. Et voici que son sang, calme depuis tant d'années, s'enflammait comme un liquide ardent : la chair cédait, vaincue et victorieuse en même temps.
  • Dans l’ombre, la mère, Grazia Deledda (trad. Myriam Cheyns-Condé), éd. Cambourakis, 2019  (ISBN 978-2-36624-392-5), p. 31


En fouillant le fond de sa conscience, il découvrait la vérité : il sentait qu'il avait désiré cette femme dès le premier regard et, dès ce premier regard, ils s'étaient possédés. Tout le reste n'était qu'une illusion par laquelle il tentait de se justifier à ses propres yeux. Eh bien, c'était ainsi. Et il acceptait cette vérité. C'était ainsi. Et c'était ainsi parce que la nature de l'homme est de souffrir, aimer, sunir, jouir, souffrir encore ; faire et recevoir le bien, faire et recevoir le mal : c’est la vie de l'homme. Pourtant, toute cette cogitation n’ôtait pas un gramme de l'angoisse qui pesait sur son cœur. Maintenant, il comprenait la vraie raison de cette angoisse : la raison, c'était la mort, puisque renoncer à aimer, à posséder cette femme, c'était renoncer à la vie même.
  • Dans l’ombre, la mère, Grazia Deledda (trad. Myriam Cheyns-Condé), éd. Cambourakis, 2019  (ISBN 978-2-36624-392-5), p. 41-42


Voici que, tout à coup, la vie terrestre lui était réapparue dans les yeux d'une femme : au début, il s'était tellement trompé qu'il l'avait confondue avec la vie éternelle. Aimer, être aimé, n'était-ce pas cela le royaume de Dieu sur la terre ? Son cœur se gonflait encore à ce souvenir. Pourquoi tout cela, Seigneur ? Pourquoi tant d'aveuglement ? Où chercher la lumière ? Il était ignorant et savait qu'il l'était. Sa culture était faite de fragments de livres dont il ne comprenait pas entièrement le sens : la Bible surtout l'avait modelé avec son romantisme et son réalisme d'un autre âge. Il se méfiait donc de lui-même, de ses recherches intérieures : il savait qu'il ne se connaissait pas, qu'il n'était pas maître de lui-même, qu'il se trompait, qu'il se trompait toujours.
  • Dans l’ombre, la mère, Grazia Deledda (trad. Myriam Cheyns-Condé), éd. Cambourakis, 2019  (ISBN 978-2-36624-392-5), p. 50-51


Dieu, murmura-t-elle en se couvrant les yeux avec son autre main, Dieu, s'Il existe, ne devait pas nous permettre de nous rencontrer si c'était pour nous séparer. Et si tu es revenu ce soir, c'est parce que tu m'aimes toujours. Tu crois peut-être que je ne le sais pas ? Je le sais, je le sais. Voilà la vérité. Elle tourna son visage vers lui. Sa bouche tremblait et ses cils perlés de larmes clignaient. Il vit comme un frémissement d'eau profonde, éblouissant et attirant, dans ce visage qui n'était plus le visage d'une femme ni celui d'Agnese, mais le visage même de l'amour : il retomba à son côté et l'embrassa sur la bouche. Il eut la sensation de tomber lentement, entraîné par un tourbillon dans une profondeur liquide pleine de lumière, dans un monde sous-marin dont l'éclat irisé l'éblouissait jusqu'au vertige.
  • Dans l’ombre, la mère, Grazia Deledda (trad. Myriam Cheyns-Condé), éd. Cambourakis, 2019  (ISBN 978-2-36624-392-5), p. 123-124


Citations sur

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On se perdrait comme le philosophe, homme politique et traducteur Ruggero Bonghi (it), qui préface Âmes honnêtes (1895), à essayer de donner à l'œuvre de Grazia Deledda une coloration spécifique. Convié à écrire la préface du livre, il tente d'analyser le travail de la jeune femme de vingt-quatre ans : « […] Après avoir parcouru tous les feuillets je les ai réunis, et je me suis demandé : Comment dois-je qualifier cette nouvelle ? De matérialiste, idéaliste, réaliste, ou de quel adjectif ? Je n'ai pas réussi à en trouver un qui convînt à vos Âmes honnêtes. Cela m'a paru un grand soulagement. Ce sont vraiment des âmes honnêtes que vous peignez. Il y a déjà là une nouveauté, digne de louange, puisque ce sont de telles âmes que les romanciers et les nouvellistes ont coutume de peindre le moins. »


Voir aussi

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