Médée (mythologie)
Médée (en grec ancien Μήδεια / Mếdeia, en latin Medea) est un personnage de la mythologie grecque, fille d'Aïétès (roi de Colchide) et d'Idyie (la plus jeune des Océanides). Puissante magicienne, elle joue un rôle déterminant dans le mythe des Argonautes et est responsable de l'assassinat de Pélias par ses propres filles.
Citations
modifierEt je n'approuve pas le citoyen à l'humeur insolente
qui blesse les siens en dédaignant de les comprendre.
- (grc)
οὐδ’ ἀστὸν ᾔνεσ’ ὅστις αὐθάδης γεγὼς
πικρὸς πολίταις ἐστὶν ἀμαθίας ὕπο.
- Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
- (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 223-224
De tout ce qui respire et qui a conscience
il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.
D'abord nous devons faire enchère
et nous acheter un mari, qui sera maître de notre corps,
malheur plus onéreux que le prix qui le paie.
Car notre plus grand risque est là: l'acquis est-il bon ou mauvais ?
Se séparer de son mari, c'est se déshonorer,
et le refuser est interdit aux femmes.
Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois,
dont la maison natale n'a rien pu lui apprendre,
une fille doit deviner l'art d'en user avec son compagnon de lit.
Si elle y parvient à grand'peine,
s'il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle,
elle vivra digne d'envie. Sinon, la mort est préférable.
Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée,
n'a qu'à s'en aller, pour dissiper son ennui,
vers un ami ou quelqu'un de son âge.
Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.
Et puis l'on dit que nous menons dans nos maisons
une vie sans danger, tandis qu'eux vont se battre !
Mauvaise raison : j'aimerais mieux monter trois fois en ligne
que mettre au monde un seul enfant !
- (grc)
άντων δ’ ὅσ’ ἔστ’ ἔμψυχα καὶ γνώμην ἔχει
γυναῖκές ἐσμεν ἀθλιώτατον φυτόν·
ἃς πρῶτα μὲν δεῖ χρημάτων ὑπερβολῇ
πόσιν πρίασθαι, δεσπότην τε σώματος
λαβεῖν· κακοῦ γὰρ τοῦτ’ ἔτ’ ἄλγιον κακόν.
κἀν τῷδ’ ἀγὼν μέγιστος, ἢ κακὸν λαβεῖν
ἢ χρηστόν. οὐ γὰρ εὐκλεεῖς ἀπαλλαγαὶ
γυναιξίν, οὐδ’ οἷόν τ’ ἀνήνασθαι πόσιν.
ἐς καινὰ δ’ ἤθη καὶ νόμους ἀφιγμένην
δεῖ μάντιν εἶναι, μὴ μαθοῦσαν οἴκοθεν,
ὅτῳ μάλιστα χρήσεται ξυνευνέτῃ.
κἂν μὲν τάδ’ ἡμῖν ἐκπονουμέναισιν εὖ
πόσις ξυνοικῇ μὴ βίᾳ φέρων ζυγόν,
ζηλωτὸς αἰών· εἰ δὲ μή, θανεῖν χρεών.
ἀνὴρ δ’, ὅταν τοῖς ἔνδον ἄχθηται ξυνών,
ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
ἔξω μολὼν ἔπαυσε καρδίαν ἄσης·
[ἢ πρὸς φίλον τιν’ ἢ πρὸς ἥλικα τραπείς·]
ἡμῖν δ’ ἀνάγκη πρὸς μίαν ψυχὴν βλέπειν.
λέγουσι δ’ ἡμᾶς ὡς ἀκίνδυνον βίον
ζῶμεν κατ’ οἴκους, οἳ δὲ μάρνανται δορί·
κακῶς φρονοῦντες· ὡς τρὶς ἂν παρ’ ἀσπίδα
στῆναι θέλοιμ’ ἂν μᾶλλον ἢ τεκεῖν ἅπαξ.
- Médée s'adressant au Chœur des femmes de Corinthe.
- (grc) Tragédies complètes, Euripide (trad. Marie Delcourt-Curvers), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1962, t. 1, p. 143, vers 230-251
Apollonios de Rhodes, Argonautiques (IIIe siècle avant J.-C.)
modifier- (grc)
Νὺξ μὲν ἔπειτ᾽ ἐπὶ γαῖαν ἄγεν κνέφας· οἱ δ᾽ ἐνὶ πόντῳ
ναῦται εἰς Ἑλίκην τε καὶ ἀστέρας Ὠρίωνος
ἔδρακον ἐκ νηῶν· ὕπνοιο δὲ καί τις ὁδίτης
ἤδη καὶ πυλαωρὸς ἐέλδετο· καί τινα παίδων
μητέρα τεθνεώτων ἀδινὸν περὶ κῶμ᾽ ἐκάλυπτεν·
οὐδὲ κυνῶν ὑλακὴ ἔτ᾽ ἀνὰ πτόλιν, οὐ θρόος ἦεν
σιγὴ δὲ μελαινομένην ἔχεν ὄρφνην.
ἀλλὰ μάλ᾽ οὐ Μήδειαν ἐπὶ γλυκερὸς λάβεν ὕπνος.
πολλὰ γὰρ Αἰσονίδαο πόθῳ μελεδήματ᾽ ἔγειρεν
δειδυῖαν ταύρων κρατερὸν μένος, οἷσιν ἔμελλεν
φθίσθαι ἀεικελίῃ μοίρῃ κατὰ νειὸν Ἄρηος.
Πυκνὰ δέ οἱ κραδίη στηθέων ἔντοσθεν ἔθυιεν.
- Médée est tombée amoureuse de Jason, meneur des Argonautes. "L'Aïsonide" est Jason, fils d'Aïson.
- (grc) Argonautiques, tome I, chant III, Apollonios de Rhodes (trad. Francis Vian), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1980 (réédition consultée : 2002), III, 744-755, p. 81-82
- (grc)
Ἄμφω δ᾽ ἄλλοτε μέν τε κατ᾽ οὔδεος ὄμματ᾽ ἔρειδον
αἰδόμενοι, ὁτὲ δ᾽ αὖτις ἐπὶ σφίσι βάλλον ὀπωπάς,
ἱμερόεν φαιδρῇσιν ὑπ᾽ ὀφρύσι μειδιόωντες.
- Rencontre secrète entre Jason et Médée.
- (grc) Argonautiques, tome I, chant III, Apollonios de Rhodes (trad. Francis Vian), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1980 (réédition consultée : 2002), III, 1022-1024, p. 93-94
Cherche la voie du châtiment dans leurs entrailles,
Cœur, si tu vis encor, et s'il te reste une ombre
De ta force d'antan, chasse tes peurs de femme,
Cuirasse ton esprit des fureurs du Caucase,
Tous les crimes qu'ont vus le Pont et le Phase,
l'Isthme aussi les verra !
- (la)
Per viscera ipsa quaere supplicio viam,
si vivis, anime, si quid antiqui tibi
remanet vigoris ; pelle femineos metus
et inhospitalem Caucasum mente indue.
Quodcumque vidit Pontus aut Phasis nefas
videbit Isthmos.
- Médée préparant sa vengeance contre Jason qui l'a répudiée. Elle fait allusion aux crimes qu'elle a commis au cours de ses voyages et à ceux qu'elle compte commettre à Corinthe (près de l'isthme de Corinthe).
- (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 130-131, vers 40-45
Un crime te l'offrit, quitte-le par un crime !
- (la)
quae scelere parta est, scelere linquenda est domus.
- Médée préparant sa vengeance contre Jason qui vient de la répudier. Pour épouser Jason, Médée avait trahi sa famille et causé la mort de son père Aïétès, puis de son frère Apsyrtos.
- (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 130-131, vers 55
C'est bien peu se venger que garder ses mains pures.
- (la)
vindicta levis est quam ferunt purae manus.
- Médée préparant le meurtre des enfants qu'elle a eus de Jason.
- (la) Tragédies, Sénèque (trad. Oliviers Sers), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2011, p. 190-191, vers 901
- Voir le recueil de citations : Médée (Corneille)
José-Maria de Heredia, Les Trophées (1893)
modifierPar l'air magique où flotte un parfum de poison,
Sa parole semait la puissance des charmes ;
le Héros la suivait et sur ses belles armes
Secouait les éclairs de l'illustre Toison.
- Médée avance en prononçant des incantations, suivi par Jason qui porte la Toison d'or étincelante.
- Les Trophées, José-Maria de Heredia, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1981 (1893), chap. Jason et Médée (vers 5-8), La Grèce et la Sicile, p. 40
L'Amour leur souriait, mais la fatale Épouse
Emportait avec elle et sa fureur jalouse
Et les philtres d'Asie et son père et les Dieux.
- Derniers vers du poème. Allusion aux futurs crimes de Médée.
- Les Trophées, José-Maria de Heredia, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1981 (1893), chap. Jason et Médée (vers 12-14), La Grèce et la Sicile, p. 40