Max Ernst

peintre et sculpteur allemand, américain et français
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Max Ernst (1968)

Citations Modifier

 

Danger de pollution Modifier

L’amour est à réinventer, Rimbaud l’a dit. L’amour doit renaître non des efforts isolés d’hommes isolés : l’amour renaissant prendra ses origines dans une subconscience collective et devra, par les découvertes et les efforts de tous, monter à la surface de la conscience collective. Cela n’est pas possible sous le règne de la police cléricale et capitaliste. L’amour doit être fait par tous, et non par un. Lautréamont l’a dit, ou presque dit.
  • « Danger de pollution » (1931), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 185


Les mystères de la forêt Modifier

Qu’est-ce qu’une forêt ? Un insecte merveilleux. Une planche à dessin. Que font les forêts ? Elles ne se couchent jamais de bonne heure. Elles attendent le tailleur. Quelle est la belle saison des forêts ? C'est le futur ; ce sera la saison où les masses d’ombres seront capables de se transformer en paroles et où des êtres doués de la parole auront l’orgueil de chercher minuit à x heures.
  • « Les mystères de la forêt » (1934), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 221


Qu’est-ce que le surréalisme ? Modifier

Il restait au monde de la culture occidentale comme dernière superstition, comme un triste résidu du mythe de la création, la légende du pouvoir créateur de l’artiste. Un des premiers actes révolutionnaires du surréalisme a été d’attaquer ce mythe par des moyens objectifs, sous la forme la plus corrosive et, certainement, de l’avoir détruit à tout jamais.
  • « Qu’est-ce que le surréalisme ? » (trad. Robert Valançay) (1934), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 228


Qu’est-ce que le Surréalisme ? Si l’on attend une définition qui réponde à cette question, on restera déçu aussi longtemps que durera ce mouvement.
  • « Qu’est-ce que le surréalisme ? » (trad. Robert Valançay) (1934), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 233


Au-delà de la peinture Modifier

Le 10 août 1925, une insupportable obsession visuelle me fit découvrir les moyens techniques qui m’ont permis une très large mise en pratique de cette leçon de Léonard. […] me trouvant, par un temps de pluie, dans une auberge au bord de la mer, je fus frappé par l’obsession qu’exerçait sur mon regard irrité le plancher, dont mille lavages avaient accentué les rainures. Je me décidai alors à interroger le symbolisme de cette obsession et, pour venir en aide à mes facultés méditatives et hallucinatoires, je tirai des planches une série de dessins, en posant sur elles, au hasard, des feuilles de papier que j’entrepris de frotter à la mine de plomb. En regardant attentivement les dessins obtenus, les parties sombres et les autres de douce pénombre, je fus surpris par l’intensification subite de mes facultés visionnaires et de la succession hallucinante d’images contradictoires, se superposant les unes aux autres avec la persistance et la rapidité qui sont le propre des souvenirs amoureux.
  • « Au-delà de la peinture » (1936), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 242


Nageur aveugle, je me suis fait voyant. J’ai vu. Et je me suis surpris amoureux de ce que je voyais, voulant m’identifier avec lui.
  • « Au-delà de la peinture » (1936), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 245


Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage.
  • « Au-delà de la peinture » (1936), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 256


Le hasard est aussi - et cet aspect très difficile du hasard a été négligé par les chercheurs des « lois du hasard » – le maître de l’humour et par conséquent, dans une époque qui n’est pas rose, dans l’époque que nous vivons, où une belle action consiste à se faire enlever les deux bras dans un combat, le maître de l’humour-qui-n’est-pas-rose, de l’humour noir.
  • « Au-delà de la peinture » (1936), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 263


La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe Modifier

Q. : Êtes-vous philosophe ?
R. : Erreur de ceux qui préfèrent la navigation sur l’herbe à un buste de femme.
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 322


Q. : Que pensez-vous de Kant ?

R. : La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe.
Q. : Pourquoi avez-vous peint Euclide ?
R. : Euclide intrigué par le vol d’une mouche non-euclidéenne.
Q. : Pourquoi avez-vous peint Léonard de Vinci ?

R. : Parce qu’il s’est demandé « Pourquoi une peinture semble-t-elle plus belle vue dans un miroir qu’en réalité ? »
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 333


Q. : Comment procédez-vous alors pour trouver les noms de vos œuvres ?
R. Jamais je n’impose un titre à un tableau : j’attends que le titre s’impose à moi. Après l’avoir peint, je reste souvent – parfois longtemps – sous la hantise du tableau, et l’obsession cesse seulement au moment où le titre apparaît comme par magie. Des événements anodins de la vie quotidienne me viennent souvent en aide.
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 336


Mes vagabondages, mes inquiétudes, mes impatiences, mes doutes, mes croyances, mes hallucinations, mes amours, mes rages, mes révoltes, mes contradictions, mes refus de me soumettre à une discipline […] n’ont pu créer un climat favorable à l’élaboration d’une œuvre calme et sereine. […] Séditieuse, inégale, contradictoire, elle est inacceptable pour les spécialistes de l’art, de la culture, du comportement, de la logique, de la morale. Elle a, en revanche, le don d’enchanter mes complices : les poètes, les pataphysiciens, quelques analphabètes.
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 340


Q. : Comment le peintre peut-il…
R. : Hirondil Hirondelle…
  • « La nudité de la femme est plus sage que l’enseignement du philosophe » (1959), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 344


Paramythes Modifier

couvre ta langue avec une feuille de vigne
mâche tes mots
à serpent donné regarde dans la bouche avec hauteur
escalade l'échelle de jacob
prête l'oreille à la cueillette des oranges
dans les corsages du blanc le plus pur

oh terreur oh culte

les fruits chauds et conscients
fondent
en joie
en rien
entre les doigts des orages du printemps

  • Équinoxe
  • « Paramythes » (1967 (1949)), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 387-388


le peintre peint le soir
il peint la bonne nuit
peint des questions saugrenues
et sonne du poignard avec force
[…]
le peintre peint le demi jour
il peint la nuit entière
il peint le prince elizabeth
et sonne de la hache avec force

  • Combien de couleurs dans la main
  • « Paramythes » (1967 (1949)), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 391-392


de-ci de-là
dans l'œil du silence
oscillent les portes du silence

  • La nuit du jugement dernier
  • « Paramythes » (1967 (1949)), dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, p. 396


Notes pour une biographie Modifier

Max passe les vacances à Pornic, petite plage sur la côte de Bretagne. C’est là qu’à la vue d’un parquet usé, il a l’intuition de ce que sera la technique du « frottage ». Ainsi naît Histoire naturelle que, l’année suivante, publie Jeanne Bucher. Arp en écrit l’introduction et Éluard pose la question : « le miroir a-t-il perdu ses illusions ou bien est-ce l’univers débarrassé de son opacité ? » Max poursuit : « C’est en se débarrassant de son opacité que l’univers se fond dans l’homme. Telle est la vocation de l’homme : se délivrer de sa cécité. » La technique du frottage n’est rien d’autre que le moyen de porter les facultés hallucinatoires de l’esprit à ce degré où les « visions » s’y imposent automatiquement ; c’est un moyen de se délivrer de l’aveuglement.
  • 1925. Un parquet usé.
  • Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, chap. Notes pour une biographie, p. 50
  • « Notes pour une biographie : tissu de vérité, tissu de mensonges », Max Ernst, dans Max Ernst : rétrospective, Werner Spies (dir.), éd. Centre Georges Pompidou, 1991  (ISBN 2-85850-634-5), p. 300
  • Max Ernst : vie et œuvre, Werner Spies (dir.), éd. Centre Pompidou, 2007  (ISBN 978-2-84426-341-4), p. 100-101


Attachez une boite de conserve vide à une ficelle d’un ou deux mètres, faites un trou dans le fond, remplissez la boîte de couleurs bien fluides et laissez-la osciller au bout de la ficelle au-dessus de la toile posée à plat. Dirigez la boîte par des mouvements de la main, des bras, des épaules et de tout le corps. De cette façon, les goutes dessinent sur la toile de surprenantes lignes. Le jeu des associations mentales peut alors commencer. Le tableau, nommé d’abord Art abstrait, art concret, s’appellera plus tard : Jeune homme intrigué par le vol d’une mouche non-euclidienne.
  • 1942. Une mouche non-euclidienne
  • Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, chap. Notes pour une biographie, p. 70
  • « Notes pour une biographie : tissu de vérité, tissu de mensonges », Max Ernst, dans Max Ernst : rétrospective, Werner Spies (dir.), éd. Centre Georges Pompidou, 1991  (ISBN 2-85850-634-5), p. 322
  • Max Ernst : vie et œuvre, Werner Spies (dir.), éd. Centre Pompidou, 2007  (ISBN 978-2-84426-341-4), p. 171


Où naguère se dressait une maison,
se dresse maintenant une montagne,
Où naguère se dressait une montagne,
s’élève maintenant une étoile…

  • 1953. Hirondil-Hirondelle [Das Schnabelpaar]. Traduction du poème légèrement différente par l’auteur, 1959 (Écritures, p. 346-350).
  • Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, chap. Notes pour une biographie et Hirondil Hirondelle 1952-1959, p. 85 et 346
  • « Notes pour une biographie : tissu de vérité, tissu de mensonges », Max Ernst, dans Max Ernst : rétrospective, Werner Spies (dir.), éd. Centre Georges Pompidou, 1991  (ISBN 2-85850-634-5), p. 329
  • Max Ernst : vie et œuvre, Werner Spies (dir.), éd. Centre Pompidou, 2007  (ISBN 978-2-84426-341-4), p. 243


Entretiens Modifier

Mieux je me connais, moins je comprends, en fin de compte, les mystères et les hasards de la création artistique. Tout à coup je me trouve là où je voulais aller ; mais j’y suis parvenu par un chemin de raccourci que je ne connaissais pas. Ces chemins, c’est le hasard qui me les révèle. C’est pourquoi, dans mon travail, j’ai toujours beaucoup compté sur tous les moyens techniques, comme le collage, le frottage ou le drip and drool, qui permettent au hasard de provoquer l’inspiration.


J’ai suivi l’exemple de Léonard de Vinci, qui corrigeait dans ses écrits ce que Botticelli avait dit au sujet de l’art du paysagiste […]. Léonard avait alors constaté que tous ces effets mystérieux du hasard ou de la nature, entre autres taches d’humidité sur un vieux mur, peuvent nous suggérer un paysage, un visage ou tout autre sujet, mais que l’artiste doit ensuite élaborer ce qu’il a cru découvrir afin de créer une œuvre qui lui est propre.
  • Miró, Ernst, Chagall : propos sur l’art, Édouard Roditi, éd. Hermann, 2006  (ISBN 2-7056-6575-7), p. 30


Le même tache peut en effet suggérer, à deux artistes, deux sujets et enfin deux tableaux tout à fait différents, et chacun de ces tableaux nous révèle des aspects particuliers du monde intérieur du peintre qui l’a créé. Le tachiste orthodoxe se garde de se laisser tenter par le fameux mur de Léonard. […] Paul Éluard : « Le poète n’est pas celui qui est inspiré, mais celui qui inspire. » Paul Éluard était les deux : ses poèmes sont inspirés, son inspiration est contagieuse. Quand à moi-même, j’accorde au peintre de parler, de rire, de prendre position et de jouir de toutes ses facultés hallucinatoires. Refus absolu de vivre comme un tachiste.
  • « Avec Édouard Roditi, 1967 », dans Écritures, Max Ernst, éd. Gallimard, 1970, partie Interviews et déclarations, p. 416


Dans les années qui précédaient la Première Guerre mondiale, Cologne pouvait se vanter d’avoir donné au monde un seul grand peintre moderne, August Macke. […] C’est à lui que je dois toute mon initiation à l’art moderne.
  • Miró, Ernst, Chagall : propos sur l’art, Édouard Roditi, éd. Hermann, 2006  (ISBN 2-7056-6575-7), p. 36


Citations sur Modifier

Louis Aragon Modifier

Voir le recueil de citations : Louis Aragon
 

André Breton Modifier

Voir le recueil de citations : André Breton
Il apportait avec lui les morceaux irreconstituables du labyrinthe. C’était comme le jeu de patience de la création : toutes les pièces, invraisemblablement distraites les unes des autres, ne se connaissant plus aucune aimantation particulière les unes pour les autres cherchaient à se découvrir de nouvelles affinités.
  • « Le surréalisme et la peinture », dans Œuvres complètes IV – Écrits sur l’art, André Breton, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2008  (ISBN 978-2-07-011692-8), p. 378


Robert Desnos Modifier

Voir le recueil de citations : Robert Desnos

Beaux compas, simulez la courbe des soleils
Le cuivre de mes yeux n’est pas un faux métal
Où Max Ernst ait cherché le secret des oreilles
Qui savent les secrets des savoureux dédales

  • 1922
  • Écrits sur les peintres, Robert Desnos, éd. Flammarion, 1984  (ISBN 2-08-064609-5), p. 41


Les yeux caves de Max Ernst estiment les cavernes où s'amusent les statues et où s’inscrivent les maximes de sa muse : Ernestine.
  • 1922-1923
  • Écrits sur les peintres, Robert Desnos, éd. Flammarion, 1984  (ISBN 2-08-064609-5), p. 42


Paul Éluard Modifier

Voir le recueil de citations : Paul Éluard

René Magritte Modifier

Voir le recueil de citations : René Magritte
La peinture de Max Ernst représente le monde qui existe en dehors la démence et de la raison. Elle n’a rien à nous apprendre, mais elle nous vise exactement et c’est pourquoi elle peut nous surprendre et nous enchanter.
  • « La peinture de Max Ernst », dans Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009  (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 482


Max Ernst a cette « réalité » qui sait réveiller, si elle s’endort, notre confiance dans le merveilleux, et qui ne saurait être isolée de la vie présente, où elle apparaît.
  • Lettre à Patrick Waldberg.
  • « La peinture de Max Ernst », dans Écrits complets, René Magritte, éd. Flammarion, 2009  (ISBN 978-2-0812-2462-9), p. 482


Voir aussi Modifier

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