La République

dialogue de Platon

La République (Πολιτεία, « Gouvernement » ou « Constitution » en grec ancien) est un dialogue de Platon sur la justice.

Début de La République contenue dans le codex Parisinus graecus 1807 (fin du IXe siècle).

Citations modifier

Livre I modifier

Thrasymaque : J’affirme que le juste n’est autre chose que l’avantageux au plus fort.


Thrasymaque : […] l’homme juste est partout inférieur à l’injuste. D’abord dans le commerce, quand ils s’associent l’un à l’autre, tu ne trouveras jamais, à la dissolution de la société, que le juste ait gagné, mais qu’il a perdu ; ensuite, dans les affaires publiques, quand il faut payer des contributions, le juste verse plus que ses égaux, l’injuste moins ; quand, au contraire, il s’agit de recevoir, l’un ne touche rien, l’autre beaucoup. Et lorsque l’un et l’autre occupent quelque charge, il advient au juste, si même il n’a pas d’autre dommage, de laisser par négligence péricliter ses affaires domestiques, et de ne tirer de la chose publique aucun profit, à cause de sa justice. En outre, il encourt la haine de ses parents et de ses connaissances, en refusant de les servir au détriment de la justice ; pour l’injuste, c’est tout le contraire.


Thrasymaque : […] ils ne craignent pas de commettre l’injustice ceux qui la blâment : ils craignent de la souffrir.


Socrate : […] le plus grand châtiment consiste à être gouverné par un plus méchant que soi, quand on ne veut pas gouverner soi-même ; […]


Socrate : Si une cité d’hommes bons venait à l’existence, il semble qu’on y lutterait pour échapper au pouvoir comme maintenant on lutte pour l’obtenir, […]


Livre II modifier

Glaucon : Voilà l’origine et l’essence de la justice : elle tient le milieu entre le plus grand bien — commettre impunément l’injustice — et le plus grand mal — la subir quand on est incapable de se venger. Entre ces deux extrêmes, la justice est aimée non comme un bien en soi, mais parce que l’impuissance de commettre l’injustice lui donne du prix.


Glaucon : [L]’extrême injustice consiste à paraître juste tout en ne l’étant pas.


Socrate : Ce qui donne naissance à une cité, […], c’est, je crois, l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu’il éprouve d’une foule de choses ; […].


Socrate : [L]a nature n’a pas fait chacun de nous semblable à chacun, mais différent d’aptitudes, et propre à telle ou telle fonction.


Socrate : […] Dieu, puisqu’il est bon, n’est pas la cause de tout, comme on le prétend communément ; il n’est cause que d’une petite partie de ce qui arrive aux hommes et ne l’est pas de la plus grande, car nos biens sont beaucoup moins nombreux que nos maux, et ne doivent être attribués qu’à lui seul, tandis qu’à nos maux il faut chercher une autre cause, mais non pas Dieu.


Livre III modifier

Socrate : […] par où la raison, comme un souffle, nous porte, par là nous devons aller.


Livre IV modifier

Socrate : [La richesse] engendre le luxe, la paresse et le goût de la nouveauté, [la pauvreté] la bassesse et la méchanceté outre le goût de la nouveauté.


Socrate : Jamais, […], on ne porte atteinte aux formes de la musique sans ébranler les plus grandes lois des cités, […].


Livre V modifier

Socrate : Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu’on appelle aujourd’hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l’un ou ou l’autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l’impossibilité d’agir ainsi, il n’y aura de cesse, […], aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, […]


Glaucon : Quels sont alors, selon toi, les vrais philosophes ?
Socrate : Ceux qui aiment le spectacle de la vérité, […].


Livre VI modifier

Socrate : […] l’idée du bien est la plus haute des connaissances, celle à qui la justice et les autres vertus empruntent leur utilité et leurs avantages.


Livre VII modifier

Socrate : Il semble, […], que comme les yeux ont été formés pour l’astronomie, les oreilles l’ont été pour le mouvement harmonique, et que ces sciences sont sœurs, comme l’affirment les Pythagoriciens, […].


Livre VIII modifier

Socrate : […], quand la richesse et les riches sont honorés dans une cité, la vertu et les hommes vertueux y sont tenus en moindre estime.


Socrate : Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’énivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques.


Socrate : [L’]excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu et dans l’État.


Livre X modifier

Socrate : [I]l ne faut pas témoigner à un homme plus d’égards qu’à la vérité, […].


Socrate : [A]ucune des choses humaines ne mérite d’être prise avec grand sérieux.


Citations sur la République modifier

Julia Annas modifier

La grande variété des interprétations [que la République] a suscitées atteste de la richesse de cette œuvre. On a fait de Platon un révolutionnaire et un conservateur ; un fasciste et un communiste ; un réformateur férocement tourné vers la pratique et un doux rêveur. Certaines de ces interprétations sont plus fantaisistes que d’autres, mais toutes trouvent dans le texte un point d’appui. Un livre dont le contenu suscite des désaccords si considérables n’est ni simple ni facile à comprendre, quels que soient les efforts stylistiques déployés par Platon pour nous persuader du contraire.
  • Introduction à la République de Platon (1981), Julia Annas (trad. Béatrice Han), éd. Presses universitaires de France, coll. « Les grands livres de la philosophie », 1994  (ISBN 2-13-046681-8), partie Introduction, p. 8


Allan Bloom modifier

La République est […] un livre de toujours, comptant au petit nombre de ceux qui engagent l’intérêt et la sympathie des gens réfléchis partout où l’on apprécie les livres et où l’on peut les lire librement. Aucun autre livre de philosophie n’exprime avec autant d’intensité ce désir humain de justice tout en apportant les éclaircissements que réclame la pensée.
  • « Préface de l’auteur à la seconde édition » (1991), dans La Cité et son ombre (1968), Allan Bloom (trad. Étienne Helmer), éd. Le Félin, coll. « Les marches du temps », 2006  (ISBN 2-86645-637-8), p. 15


Si l’on prend ensemble ces deux livres [la République et l’Émile de Jean-Jacques Rousseau], on dispose de l’entraînement de base indispensable pour tous les combats en matière d’éducation. Et ces livres sont eux-mêmes des combats, maintenant que la doctrine nous apprend que ce sont les pièces maitresses d’un modèle révolu. Pour conclure, je dirais que la République est toujours utile aux étudiants qui la lisent, mais aujourd’hui plus que jamais.
  • « Préface de l’auteur à la seconde édition » (1991), dans La Cité et son ombre (1968), Allan Bloom (trad. Étienne Helmer), éd. Le Félin, coll. « Les marches du temps », 2006  (ISBN 2-86645-637-8), p. 19

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