Moi aussi, je fais partie de ce monde, je ne suis pas un survivaliste qui plante des salades dans son coin. Par contre, j’ai arrêté la viande et je suis très radical sur le bio.
(fr) « À Lens, Yann Arthus-Bertrand prend de la hauteur », Virginie Nussbaum,
Le Temps, 23 décembre 2018 (
lire en ligne)
Carniste : Je ne mange qu’un tout petit peu de viande !
Animal : Cool ! Du coup, je ne suis qu’un tout petit peu mort !
Et quand on y songe un peu, qu'est-ce qui fait tant rire la vache qui rit ? Son veau à l'abattoir ?
Fort heureusement, on peut voir la viande autrement. On peut ne plus être dupe du carnisme ambiant. On peut lire, s'informer, regarder des documentaires. Alors quand le vernis se craquelle, lorsque l'
imagination et la
réflexion s'engagent, c'est notre perception
morale qui s'approfondit. L'écran carniste se brise. On se met à voir son steak comme un animal mort.
Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015
(ISBN 9782895962014), p. 157-158
Quand je suis venue vivre en France, j'ai perdu la viande argentine, mais j'ai gagné en diversité d'
animaux à dévorer. Et pas seulement en diversité. J'ai été émerveillée par la manière de les préparer. [...] Cela ne signifie pas que j'ai accepté l'ensemble des nouveaux animaux que cette cuisine me proposait. Certains me faisaient hésiter, comme le lapin, mais jamais lorsqu'il m'était présenté sous la forme d'une terrine.
Lorsque nous voyons la viande dans notre assiette, nous ne voyons pas la séquence des images qui la rendit possible. Nous ne voyons pas la bête vivante, nous ne voyons pas le couteau qui la tue, nous ne l'entendons pas supplier pour sa vie, nous ne voyons pas son sang jaillir, nous ne voyons pas la main qui la dépèce.
Jean-Paul Bigard, patron de la marque
Charal, l'a déclaré devant la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs : toute sa politique commerciale vise à couper le lien dans l'esprit des
consommateurs entre les animaux et la viande. Nous ferons tout notre possible, au contraire, pour le rétablir.
La Face cachée de nos assiettes, L214 et
Eyes on animals, éd. Robert Laffont, 2019
(ISBN 9782221218884), p. 229
C'est à ce prix-là que nous mangeons de la viande. C'est le caché tout autour de nous, que notre inconscient occulte, efficacement, pour que nous poursuivions notre vie comme si de rien n'était, pour que ce sang ne vienne pas éclabousser l'image bénévolente et douce que nous aimons avoir de nous-mêmes.
Défaite des maîtres et possesseurs, Vincent Message, éd. Points, 2016
(ISBN 9782757864678), p. 150
Il ne s'agissait pas de changer les habitudes des humains en un coup de baguette magique. Ça prendrait du temps. La seule solution était qu'ils arrêtent de manger de la viande, où qu'ils en mangent moins. Tant qu'ils en mangeraient et qu'il y aurait de l'argent à gagner là-dedans, on massacrerait les animaux sans se poser la moindre question. Et on continuerait à faire croire aux gens que les animaux étaient fous de joie à l'idée de se sacrifier pour nous, il n'y avait qu'à voir les bouilles réjouies des cochons dessinées sur les vitrines des boucheries.
Ce serait un très long combat et il faudrait sans doute encore quelques décennies, un siècle peut-être, avant qu'on se demande comment on osait faire ça avant.
Jefferson, Jean-Claude Mourlevat, éd. Gallimard jeunesse, 2018
(ISBN 9782075090254), p. 181
Il n’y a pas de viande heureuse, tuer sans douleur n’est pas possible, parler de bien-être dans les abattoirs est de la pure propagande. Un agneau qui est tué pour être servi à table n’en a rien à faire de nos bons sentiments. Défendre les petits producteurs, défendre l’abattage à la ferme, c’est toujours trouver des excuses pour continuer le massacre des animaux.
Les animaux ne sont pas comestibles, Martin Page, éd. Robert Laffont, 2017
(ISBN 9782221193389), p. 58
Quand les
animaux sont pour quelqu'un seulement une viande, le rapport au
vivant est modifié.
La viande, le sang, les entrailles, tout ce qui a palpité et vécu lui répugnaient à cette époque de son existence, car la bête meurt à douleur comme l'homme, et il lui déplaisait de digérer des agonies. Depuis l'époque où il avait égorgé lui-même un porc [...], il avait cessé de trouver utile d'employer deux termes différents pour désigner la bête qu'on abat et l'homme qu'on tue, l'animal qui crève et l'homme qui meurt.
L'Œuvre au noir, Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1968
(ISBN 9782070367986), chap. L'abîme, p. 240
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