Fée
être mythique ou légendaire du folklore européen
La fée est un être imaginaire, généralement vu comme une femme d'une grande beauté, capable de conférer des dons aux nouveau-nés, de voler, de lancer des sorts et d'influencer le futur.
Littérature
modifierConte
modifierCharles Perrault, Cendrillon 1697
modifierLa bonne grâce est le vrai don des fées ; sans elles on ne peut rien, avec elles on peut tout.
- Les contes de Perrault et les récits parallèles: leurs origines : coutumes primitives et liturgies populaires, Pierre Saintyves, Charles Perrault, éd. Slatkine, 1990, p. 111
On a banni les démons et les fées ;
Sous la raison les grâces étouffées
- Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Mme ve Perronneau, Cerioux aîne, 1817, p. 173
Jacques-Henri Bauchy, Contes et légendes de l'Orléanais, 1967
modifier Si l'histoire des hommes s'écrit sur des textes, l'histoire des fées s'écrit sur des prétextes.
- Contes et légendes de l'Orléanais, Jacques-Henri Bauchy, éd. Fernand Nathan, 1967, chap. Ces Dames de chez nous, p. 152
A Chicamour [...], habite une fée puissante et belle, si belle qu'elle attire pour elle seule, si puissante qu'elle retient pour jamais, les jeunes hommes qui souffrent du mal d'amour. Ne parlez pas des fées à la légère. Elles se vengeraient. Toujours elles se vengent.
- Contes et légendes de l'Orléanais, Jacques-Henri Bauchy, éd. Fernand Nathan, 1967, chap. La Dame de Chicamour, p. 182
Critique
modifierJean Paulhan, Le Bonheur dans l'esclavage, 1954
modifierLes contes de fées sont les romans érotiques des enfants.
- Le marquis de Sade et sa complice, ou, Les revanches de la pudeur, Jean Paulhan, éd. Éditions Complexe, 1987, p. 104
Écrit intime
modifierJules Renard, Journal, 1887-1910
modifierLes fées nous échappent. Elles sont radieuses et on ne peut les saisir, et ce qu’on ne peut avoir on l’aime éternellement.
- Journal, Jules Renard, éd. Gallimard, 1935, p. 25
- Citation choisie pour le 3 septembre 2011.
Les fées sont toujours d'un certain âge et quelque peu sévères. Car autrement il faudrait bien que dans un conte quelconque, lors des trois souhaits habituels, il arrivât que le garçon, pour une fois, souhaitât posséder la fée.
- Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959 (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal III, p. 147
Essai
modifierPierre Dubois, La grande Encyclopédie des Fées, 1996
modifierLa Fée chez Lancner est un croisement des Parques et des amantes forestières à quoi Lecouteux ajoute sa genèse et ses femmes sauvages, ses filandières cauchemardes et noctivagues...
- La grande Encyclopédie des Fées, Pierre Dubois, éd. Hoëbeke Éditeur, 1996 (ISBN 978-284-2-30014-2), chap. Origine et genèses de Féerie. Où l'on apprend que l'on ne sait rien d'ailes., p. 9
Rêver des fées c'est retourner aux rêves de l'enfance permanente, aux beautés des images premières. C'est là la clé des voies enchanteuses. alors, elles se montrent et certains les ont vues...
- La grande Encyclopédie des Fées, Pierre Dubois, éd. Hoëbeke Éditeur, 1996 (ISBN 978-284-2-30014-2), chap. Vers les radieuses clairières., p. 12
Le rêveur des fées s'est usé les pieds sur les chemins sans fin. Il a lu les livres jusqu'à s'en brûler les yeux [...]. Assis au pied des échaliers, des reposoirs des Fées, il a appelé aux quatre vents les Belles Dames farouches. Elles ne sont pas venues et les fleurs ont séché.
- La grande Encyclopédie des Fées, Pierre Dubois, éd. Hoëbeke Éditeur, 1996 (ISBN 978-284-2-30014-2), chap. Les reines d'or du monde du milieu., p. 67
Il était une fois un roi qui régnait sur la Cornouailles. Il s'appelait Gorloës, Seigneur de Tintagel. De sa femme Ygerne il avait eu deux filles, celle qui allait devenir la femme de Loth d'Orcanie et Morgane qui allait devenir Fée.
- La grande Encyclopédie des Fées, Pierre Dubois, éd. Hoëbeke Éditeur, 1996 (ISBN 978-284-2-30014-2), chap. Morgane la Fée, p. 162
Tout enfant déjà, je rêvais aux Fées. Je les cherchais au fond du jardin, derrière les fuseaux des pois de senteur - une ouverture moussue, humide, fréquentée par d'étranges escargots, suggérait l'entrée du Royaume où l'on accède que par aventure. [...] Un monde jusqu'alors enclos dans les livres du jeudi[1].
- La grande Encyclopédie des Fées, Pierre Dubois, éd. Hoëbeke Éditeur, 1996 (ISBN 978-284-2-30014-2), chap. Comment la Dame Blanche me fit rencontrer Seignolle., p. 173
Patrick Wald Lasowski, L’ultime faveur, 2006
modifierLes faveurs des femmes sont dans les romans ce que sont, dans les contes, les souhaits accordés par les fées. Il s’agit de ne pas se tromper.
- L'ultime faveur, Patrick Wald Lasowski, éd. Gallimard, 2006, p. 27
Roman
modifierMarie d'Agoult, Nélida, 1866
modifierCe soir-là, ses salons en stuc blanc chargé d'or étaient éclairés avec plus de splendeur que de coutume ; des multitudes de girandoles en cristal de roche à facettes étincelantes, se répétant à l'infini dans des panneaux de glace, jetaient une vive lumière sur les draperies de damas aux tons éclatants. Des pyramides de cactus, qui ouvraient leurs corolles ardentes dans cette chaude atmosphère, ajoutaient encore à l'éblouissement de l'œil. Un orchestre puissant faisait retentir d'une musique provocante ces espaces sonores où les femmes aux courtes tuniques, aux cheveux parfumés, ruisselants de pierreries, les bras nus, les épaules nues, arrivaient une à une et se prenaient la main, comme des fées qui se rassemblent pour un joyeux sortilège.
- Nélida (1866), Marie d'Agoult, éd. Calmann-Lévy, 2010 (ISBN 978-2-7021-4127-4), partie Première partie, chap. VI, p. 87
Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900
modifierLa Foscarina regarda la rieuse avec étonnement, car elle l’avait oubliée ; et cette femme, assise là sur ce banc de pierre jauni par les lichens, avec ces mains tordues, avec cette scintillation d’or et d’ivoire entre les lèvres minces, avec ces petits yeux glauques sous les paupières flasques, avec cette voix enrouée et ce rire clair, la fit penser à une de ces vieilles fées palmipèdes qui vont par la forêt suivies d’un crapaud obéissant.
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. II. L'empire du silence, p. 733
Toujours dans une grotte, la Grotte des Fées près de Montpellier où l'on circule entre des murs de quartz, le cœur retarde quelques secondes de battre au spectacle de ce manteau minéral gigantesque, dit « manteau impérial », dont le drapé défie à jamais la statuaire et que la lumière d'un projecteur couvre de roses, comme pour qu'il n'ait rien à envier, même sous ce rapport, au pourtant splendide et convulsif manteau fait de la répétition à l'infini de l'unique petite plume rouge d'un oiseau rare que portaient les anciens chefs hawaïens.
- L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 16 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Robert Lalonde, Le diable en personne, 1989
modifierLa vie est un conte de fées qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons.
- Le diable en personne, Robert Lalonde, éd. Seuil, 1989, p. 91
Anne F. Garréta, La Décomposition, 1999
modifierAujourd'hui, jour de marché, mon lecteur je vous emmène. Où ? Devant une pyramide d'asperges. Quoi faire ? Attendre que paraisse notre prochaine victime. Nous voulons, pour donner goût à notre œuvre, que ce soit l'épi même, finement pignoché de mauve et d'azur, de ces délicieuses fées comestibles qui nous désigne celle qu'au festin cruel que je vous ai promis nous devons sacrifier.
- La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 109
Théâtre
modifierWilliam Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été, 1594-1959
modifierFées, répandez partout la rosée sacrée des champs.
- Le songe d’une nuit d’été, William Shakespeare, éd. Pagnerre, 1865, p. 182
Musique
modifierMoi aussi, j'ai une fée chez moi
Sur les gouttières ruisselantes
Je l'ai trouvée sur un toit
Dans sa traîne brûlante
- La Fée, Raphaël Haroche, Zaz, album La Fée (Février 2011 chez Play On / Sony Music Entertainment).
Philosophie
modifierGaston Bachelard, L'Eau et les rêves, 1942
modifierDevant l'eau profonde, tu choisis ta vision ; tu peux voir à ton gré le fond immobile ou le courant, la rive ou l'infini ; tu as le droit ambigu de voir et de ne pas voir ; tu as le droit de vivre avec le batelier ou de vivre avec « une race nouvelle de fées laborieuses, douées d'un goût parfait, magnifiques et minutieuses ». La fée des eaux, gardienne du mirage, tient tous les oiseaux du ciel dans sa main. Une flaque contient un univers. Un instant de rêve contient une âme entière.
- L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie III, chap. II Les eaux profondes — Les eaux dormantes — Les eaux mortes, « L'eau lourde » dans la rêverie d'Edgar Poe, p. 63
Propos de moralistes
modifierSébastien-Roch Nicolas de Chamfort, Maximes, pensées, anecdotes, caractères et dialogues, 1857
modifierUn homme amoureux, qui plaint l’homme raisonnable, me paraît ressembler à un homme qui lit des contes de fées, et qui raille ceux qui lisent l’histoire.
- Maximes, pensées, anecdotes, caractères et dialogues: Précédé de l'histoire de Chamfort par P.-J. Stahl. Suivi de fragments complètements inédits, Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, éd. M. Lévy, 1857, p. 70
Voir aussi
modifierNotes et Références
modifier- ↑ Le jeudi a été, en France, le jour de repos des écoliers de 1882 à septembre 1972.