Justice

concept d'équité morale et administration de la loi

Le mot justice revêt plusieurs sens selon le contexte dans lequel il est employé : il peut désigner la justice au sens de l'idée de justice ou la justice au sens de l'institution judiciaire.

Allégorie de la justiceGaetano Gandolfi (1760)

Assemblée nationale constituante de France, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789

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La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas.
  • Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Assemblée nationale constituante, France, éd. Assemblée nationale, 1789, Article 5, p. 3 (texte intégral sur Wikisource)


La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentans, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protége, soit qu’elle punisse. (...)
  • Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Assemblée nationale constituante, France, éd. Assemblée nationale, 1789, Article 5, p. 4 (texte intégral sur Wikisource)


Nul homme ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu’elle a prescrites. (...)
  • Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Assemblée nationale constituante, France, éd. Assemblée nationale, 1789, Article 7, p. 5 (texte intégral sur Wikisource)


La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.
  • Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Assemblée nationale constituante, France, éd. Assemblée nationale, 1789, Article 12, p. 6 (texte intégral sur Wikisource)


Déclaration universelle des Droits de l’Homme des Nations-Unies, 10 décembre 1948

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Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.
  • Extrait de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 217 A (III) le 10 décembre 1948.
  • Charte internationale des Droits de l’Homme, Organisation des Nations Unies, éd. Organisation des Nations Unies, 1948, Article 8, p. 3 (texte intégral sur Wikisource)


Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
  • Extrait de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 217 A (III) le 10 décembre 1948.
  • Charte internationale des Droits de l’Homme, Organisation des Nations Unies, éd. Organisation des Nations Unies, 1948, Article 10, p. 3 (texte intégral sur Wikisource)


Littérature

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Il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l'Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde. Ils ont des robes noires, peut-être parce qu'ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.


Il ne peut y avoir de jugement légitime qu'au nom de l'intérêt général, lequel sera notamment fondé sur la préservation de l'environnement et de la santé de tous.


Les hommes ne vivent pas que de justice.


On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police.


Pour nous qui ne croyons pas à Dieu, il faut toute la justice ou c'est le désespoir.


Cette idée de vouloir faire triompher la justice par la violence paraîtra un jour aussi bête et fausse que nous paraît la torture pour savoir la vérité.


J'étais assis sur le siège des puissants, j'étais vêtu d'écarlate et d'hermine… néanmoins, je n'occupais qu'un poste inférieur et sans importance. J'étais obligé de suivre un règlement mesquin aussi bien que n'importe quel facteur et mon uniforme et mes dorures ne valaient pas plus que les siens. Chaque jour passaient devant moi des cas difficiles et passionnés dont je devais prétendre adoucir la rigueur par de stupides emprisonnements ou de stupides amendes alors que je voyais parfaitement, à la lumière de mon bon sens, qu'ils auraient été bien mieux réparés par un baiser, par une raclée, par quelques mots d'explication, par un duel ou par un petit voyage dans les West Highlands.


S'il n'y avait pas d'injustice, on ignorerait jusqu'au nom de la justice.
  • Fragments (trad. Marcel Conche), PUF, coll. « Épiméthée », Paris, 1986 (4e éd. 1998), 2005 (2e tirage), (ISBN 2130440037), fragment n° 45.
On ne connaîtrait pas le mot de justice, s’il n’y avait pas de perversité.
  • Fragments (trad. Tannery), 1887, Clément, Stromates, IV, 10, 1., Fragment n°23.
Ne confonds pas justice et vérité; car la justice est rendue au nom de la vérité et la vérité se cherche.
  • Le Livre des Questions, dans Le Livre des Questions, TI, Edmond Jabès, éd. Gallimard, coll. « L'imaginaire », 2006, p. 122


La classe opprimée ne commence pas à formuler ses revendications au nom de la Justice et d'une Morale supérieures, mais au nom de celles qui ont cours ; les droits qu'elle réclame sont ceux que lui accorde la Justice accommodée aux intérêts de la classe opprimante.
  • « L'idéalisme et le matérialisme dans la conception de l'histoire. Réponse à la Conférence du citoyen Jean Jaurès. », Paul Lafargue, La Jeunesse socialiste, 1895, p. 1


La Justice est [...] le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise et à quelque risque que nous expose sa défense.
  • De la justice dans la révolution et dans l'Église, Pierre-Joseph Proudhon, éd. Office de publicité, 1860, chap. 7 (« Définition de la Justice »), XXXII, §.3, p. 87


Benoît XVI

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Une justice sans morale devient injustice ; de même qu'une morale et une justice qui ne font pas référence à Dieu dégradent l'homme, parce qu'elles le privent de sa mesure la plus exigeante, de ses possibilités les plus hautes, en lui barrant le regard sur l'infini et l'éternel. Cette apparente libération soumet l'homme à la dictature des majorités régnantes, à des mesures humaines arbitraires, qui finalement ne peuvent que lui faire violence.
  • L'Esprit de la liturgie (2000), Joseph Ratzinger (trad. Génia Català), éd. Ad Solem, 2001, p. 17


Tous les hommes, en général, ne sauraient se donner trop de préceptes pour être justes ; car ils ont, naturellement, trop de penchants à ne l'être pas. C'est la justice qui a établi la société et qui la conserve. Sans la justice, nous serions encore errants et vagabonds, et sans elle, nos impétuosités nous rejetteraient bientôt dans la première confusion dont nous sommes heureusement sortis.
  • « A M. le Maréchal de Créqui » (1671), dans Œuvres mêlées de Saint Evremond, Charles de Saint-Évremond, éd. Les Grands Classiques Illustrés, ~1935?, p. 294


Selon Hayek, ce sont Aristote puis Ulpien, dans le Digeste, qui donnent le véritable sens de la justice : donner à chacun ce qu’il mérite. Le terme ambigu de « social » prive de son sens la notion de « justice ». Loin d’être une justice, la justice sociale est une forme de corruption morale. Elle revient à récompenser les individus pour leur comportement irresponsable, pour leur négligence à l’égard des leurs et du bien-être de leur propre famille, pour leur irrespect des contrats passés et l’exploitation de leurs employés.


Michel Tournier, Le Roi des aulnes, 1970

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Abel Tiffauges :
En vérité notre société a la justice qu'elle mérite. Celle qui correspond au culte des assassins qui fleurit à la lettre à chaque coin de rue, sur les plaques bleues où sont proposés à l'admiration publique les noms des hommes de guerre les plus illustres, c'est-à-dire des tueurs professionnels les plus sanguinaires de notre histoire.


Abel Tiffauges :
Le code pénal. Quelle lecture ! La société déculottée exhibe ses parties les plus honteuses, ses obsessions les plus inavouables.


Prouver de manière concluante précisément le contraire de ce qu'on était parti pour prouver n'est peut-être pas du dernier commun. Préférer le salut d'un va-nu-pieds à son avenir et à celui de sa famille suppose quelques qualités qui ne sont pas le fait d'un chacun.


Dieu sait que j'ai consacré ma vie à la justice, donc à apurer les comptes de l'humanité, mais on sait à mon âge qu'ils ne tombent jamais juste. Même à notre époque, même en démocratie, il y a un reliquat d'horreur primitive que nous n'arrivons pas à liquider et qui pèse plus lourd à mesure qu'on vieillit. Des yeux innocents dans des orbites de vampire… c'est peut-être là le secret douloureux du monde.


La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations.


Affaire d'Outreau

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Avec son bandeau sur les yeux, la justice était aveugle. Depuis l'affaire d'Outreau, elle est devenue sourde. Avec l'affaire Seznec, elle est devenue folle. Honte à elle ! Les juges avaient une occasion unique de se racheter. C'est raté.
  • Déclaration à la suite du 14e et dernier rejet du recours en révision du procès Seznec.
  • Denis Le Her-Seznec, 14 décembre 2006, dans Le Figaro, paru le 15 décembre 2006, Cyrille Louis.


Monsieur, vous avez le droit de maudire vos juges, mais respectez cette enceinte.
  • Réponse du Président Cotte à l'issue du 14e rejet du procès en révision de Guillaume Seznec
  • Bruno Cotte, 14 décembre 2006, dans Ouest France, paru le 15 décembre 2006, Bernard Le Solleu.


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