James Baldwin (écrivain)

écrivain américain
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James Arthur Baldwin [ d͡ʒeɪmz ˈɑɹθɚ ˈbɒldwən]1, né le 2 août 1924 dans le quartier de Harlem, à New York, et mort le 1er décembre 1987 à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes, en France, est un écrivain américain, auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de pièces de théâtre et d’essais.

James Baldwin à Hyde Park, à Londres (Royaume-Uni) en 1969.

Citations

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  • La conversion (1953), James Baldwin (trad. Michèle Albaret-Maatsch), éd. Rivages, coll. « Poche », 2019  (ISBN 9782743648701), p. .


Notes of a Native Son, 1955

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Notre culture populaire et notre moralité trahissent les façons par lesquelles le Noir a affecté la psychologie américaine; l'éloignement où nous le tenons a la profondeur de notre éloignement à nous-mêmes. La question : que ressentons-nous vraiment pour lui – nous ne pouvons pas la poser, car une telle question ouvre simplement la porte au chaos. Ce que nous ressentons vraiment pour lui engage tout ce que nous ressentons pour tout, pour tous, pour nous-mêmes. L'histoire du Noir en Amérique est l'histoire de l'Amérique – ou plus précisément, est l'histoire des Américains. Ce n'est pas une très jolie histoire; l'histoire d'un peuple n'est jamais très jolie.
  • « Many Thousands Gone », Partisan Review, 1951.
  • « Emportés par milliers » (1951), dans Chroniques d’un enfant du pays, James Baldwin (trad. Marie Darrieussecq), éd. Gallimard, 2019  (ISBN 978-2-07-279683-8), p. 47-48


Le Noir s’identifie presque entièrement avec le Juif. Le plus dévot s’imagine qu’il est effectivement un Juif soumis au joug d’un maître intraitable et attendant le Moïse qui l’emmènera hors d’Égypte.
  • Commentary, février 1948.
  • « Le ghetto de Harlem [The Harlem Ghetto [lire en ligne]] » (1948), dans Chronique d’un pays natal (1955), James Baldwin (trad. J. A. Tournaire), éd. Gallimard, 1973  (ISBN 2-07-028427-1), p. 83


Tout comme la société a besoin d’un bouc émissaire, il faut à la haine un symbole : en Géorgie le Noir, à Harlem le Juif.
  • Commentary, février 1948.
  • « Le ghetto de Harlem [The Harlem Ghetto [lire en ligne]] » (1948), dans Chronique d’un pays natal (1955), James Baldwin (trad. J. A. Tournaire), éd. Gallimard, 1973  (ISBN 2-07-028427-1), p. 89


J’imagine que les gens s’accrochent à leurs haines avec tant d’obstination en partie parce qu’ils devinent que lorsque la haine a disparu, on a plus affaire qu’à la souffrance.
  • « Me and My House », Harper’s Magazine, novembre 1955.
  • « Réflexions en noir et blanc [Notes of a Native Son] » (1955), dans Chronique d’un pays natal (1955), James Baldwin (trad. J. A. Tournaire), éd. Gallimard, 1973  (ISBN 2-07-028427-1), p. 125


La haine – qui peut détruire tant de choses – ne manque jamais de détruire celui qui l’éprouve : c’est là une loi immuable.
  • « Me and My House », Harper’s Magazine, novembre 1955.
  • « Réflexions en noir et blanc [Notes of a Native Son] » (1955), dans Chronique d’un pays natal (1955), James Baldwin (trad. J. A. Tournaire), éd. Gallimard, 1973  (ISBN 2-07-028427-1), p. 139


The Fire Next Time, 1963

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My Dungeon Shook

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   « Lettre à mon neveu à l’occasion du centenaire de l'Émancipation. » Initialement sous le titre « A Letter to My Nephew », Progressive, décembre 1962 [lire en ligne].

Tu ne seras détruit que le jour où tu croiras vraiment être ce que les Blancs appellent un « nigger ».
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 26


Tu es né là où tu es né et tu as été confronté avec l’ennemi avec lequel tu as été confronté parce que tu étais noir et pour cette seule raison.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 29


Ne prends la parole de personne pour argent comptant, la mienne non plus – mais fie-toi à ton expérience. Sache d’où tu viens. Si tu sais d’où tu viens, il n’y a pas de limite à là où tu peux aller.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 30


Agir c’est s’engager et s’engager c’est prendre des risques.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 31


Et si le mot intégration a le moindre sens c’est celui-ci : Nous, à force d’amour, obligerons nos frères à se voir tels qu’ils sont, à cesser de fuir la réalité et à commencer à la changer. Car tu es ici chez toi, mon ami, ne t’en laisse pas chasser.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 32


Tu proviens d’une longue lignée de grands poètes, dont certains sont parmi les plus grands depuis Homère. L’un d’entre eux a écrit :
Au moment même où je me crus perdu
Mon cachot trembla, mes chaînes tombèrent.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 32


Down at the Cross

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   « Lettre d’une région de mon esprit. » Initialement sous le titre « Letter from a Region in My Mind », New Yorker, novembre 1962 [lire en ligne].

La vie est tragique simplement parce que la terre tourne et que le soleil se lève et se couche inexorablement et parce que le jour viendra pour chacun d’entre nous où le soleil descendra pour la dernière fois. Peut-être l’origine de toutes les difficultés humaines se trouve—t-elle dans notre propension à sacrifier toute la beauté de nos vies, à nous emprisonner au milieu des totems, tabous, croix, sacrifices du sang, clochers, mosquées, races, armées, drapeaux, nations, afin de dénier que la mort existe, ce qui est précisément notre unique certitude.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 120-121


Il faut beaucoup de force et beaucoup de ruse pour monter constamment à l’assaut de la puissante et hautaine forteresse de la primauté blanche, comme les Noirs de ce pays le font depuis si longtemps. Il faut beaucoup de souplesse spirituelle pour ne pas haïr celui qui vous hait et dont le pied écrase votre nuque, et ne pas apprendre à vos enfants à le haïr exige une sensibilité et une charité encore plus miraculeuses.
  • La prochaine fois, le feu (1963), James Baldwin (trad. Michel Sciama), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2018  (ISBN 9782072786204), p. 130


The Negro and The American Promise (interview), 1963

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  Cette interview est également traduite en français et compilée dans I AM Not Your Negro, 2017.

Ce que les Blancs doivent faire, c’est chercher en eux-mêmes pourquoi il leur a fallu un nègre au début. Parce que je ne suis pas un nègre, je suis un homme, mais si vous croyez que je suis un nègre, c’est parce que vous en avez besoin.
  • Les Noirs et la promesse Américaine [The Negro and The American Promise], enregistrée le 24 mai 1963, diffusée le 28 mai à la télévision de Boston.


Going to Meet the Man, 1965

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  • Face à l’homme blanc (1965), James Baldwin (trad. Jean-René Major), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1996  (ISBN 2-07-040049-2), p. .


No Name in the Street, 1972

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  • Chassés de la lumière (1972), James Baldwin (trad. Magali Berger), éd. Ypsilon, 2015  (ISBN 978-2-35654-052-2), p. .


Jimmy’s Blues, 1983

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L’imagination
crée la situation,
puis la situation
crée l’imagination.
Il est possible, certes,
que ce soit le contraire :
Colomb fut découvert
par ce qu’il a trouvé.
  • (en) Imagination
    creates the situation,
    and, them, the situation
    creates imagination.
    It may, of course,
    be the other way around :
    Colombus was discovered
    by what he found.
  • « Imagination », dans Jimmy’s Blues : poèmes [édition bilingue] (1983), James Baldwin (trad. Hubert Nyssen et Philippa Wehle), éd. Actes Sud, 1985  (ISBN 2-86869-010-6), p. 52-53


Entre tenir bon
et laisser choir,
je me demande
comment savoir
la différence.
Ce doit être un peu
la différence
entre ciel et enfer
mais à l’avance
comment savoir ?
Si laisser choir
c’est dire non,
que veut dire alors
tenir bon ?
  • (en) Between holding on,
    and letting go,
    I wonder
    how you know
    the difference.
    It must be something like
    the difference
    between heaven and hell
    but how, in advance
    can you tell ?
    If letting go
    is saying no,
    then what is holding on
    saying ?
  • « Énigme (le jour de mon anniversaire)
    (pour Rico) », dans Jimmy’s Blues : poèmes [édition bilingue] (1983), James Baldwin (trad. Hubert Nyssen et Philippa Wehle), éd. Actes Sud, 1985  (ISBN 2-86869-010-6), p. 70-71


The Cross of Redemption, 2010

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L'histoire n'est pas le passé. L'histoire est le présent. Nous portons notre histoire avec nous. Nous sommes notre histoire. Si nous prétendons qu'il en est autrement, pour dire les choses brutalement, alors nous sommes bel et bien des criminels.
  • « Black English : A Dishonest Argument », 1980[1].
  • « L’anglais noir : un débat malhonnête » (1980), dans La croix de la rédemption, James Baldwin (trad. Valentine Leÿs et Romaric Vinet-Kammerer), éd. Stock, 2024  (ISBN 978-2-234-09707-0), p. 266


La richesse de l'Angleterre et de mon pays, la richesse du monde occidental, repose en bref sur l'esclavagisme, et l'intolérable culpabilité ainsi engendrée dans les cœurs et les esprits des Civilisés est la racine de ce que nous appelons le racisme. De cette racine surgissent les légendes concernant – démontrant – l'infériorité des Noirs. Il faut bien justifier l'action révoltante qui consiste à faire d'un humain une chose. Faire d'un humain une bête de somme et une source d'enrichissement, tout en croyant – ou en se faisant croire – que l'on « civilise » ainsi cette créature nécessite d'avoir abandonné tout sens moral, et renoncé à toute perception de la réalité.
  • « The Fire This Time : Letter to the Bishop », The New Statesman, 23 août 1985.
  • « Cette fois le feu : Lettre à l’évêque » (1985), dans La croix de la rédemption, James Baldwin (trad. Valentine Leÿs et Romaric Vinet-Kammerer), éd. Stock, 2024  (ISBN 978-2-234-09707-0), p. 433


Retour dans l’œil du cyclone, 2015

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Il m’a fallu beaucoup d’années pour vomir toutes les saletés que l’on m’avait enseignées sur moi-même, et auxquelles je croyais à moitié, avant de pouvoir arpenter cette terre comme si j’y étais autorisé.
  • Mademoiselle, août 1960.
  • « Point de non retour [They Can’t Turn Back] » (1960), dans Retour dans l’œil du cyclone, James Baldwin (trad. Hélène Borraz), éd. Christian Bourgois, 2015  (ISBN 978-2-267-02875-1), p. 29


« Et l’amour dans tout ça ? » me demanda t-il. Sa question me prit au dépourvu, et m’effraya. Avec cette autorité indescriptible de celui qui parle du haut de ses vingt-deux ans, j’aboyais : « L’amour ! Tu ferais mieux d’oublier, mon ami. C’est du passé. » À peine eus-je prononcé ces mots que je les regrettai, car je me souvins alors qu’il était amoureux […]. « Tu es un poète, me dit-il, et tu ne crois pas à l’amour. » […] Puis, il posa sa tête sur la table et se mit à pleurer. […] J’aurais voulu retirer tout ce que j’avais dit, mais je ne savais pas comment m’y prendre. J’aurais su quoi dire si j’avais été malhonnête.
  • Esquire, juillet 1961.
  • « La nouvelle génération perdue [The New Lost Generation] » (1961), dans Retour dans l’œil du cyclone, James Baldwin (trad. Hélène Borraz), éd. Christian Bourgois, 2015  (ISBN 978-2-267-02875-1), p. 66-67


  • New York Times, 7 mars 1965.


L’Histoire, même si presque personne ne semble le savoir, n’est pas simplement une chose à lire. Et il n’y est pas fait seulement, ou même principalement, référence au passé. Bien au contraire, l’immense force de l’Histoire vient de ce que nous la portons tous en nous, elle nous contrôle inconsciemment et de multiples manières, elle est présente, littéralement, dans chacun de nos faits et gestes. Comment pourrait-il en être autrement puisque c’est à l’Histoire que nous devons nos cadres de référence, identité et aspirations.
  • Ebony, août 1965.


  • New York Times, 9 avril 1967.


  • New York Times, 9 avril 1967.


  • The New York Times, 29 juillet 1979.


I Am Not Your Negro, 2017

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L’histoire n’est pas le passé. C’est le présent. Nous portons notre histoire avec nous. Nous sommes notre histoire. Si nous prétendons le contraire, nous sommes littéralement des criminels.
  • I Am Not Your Negro (2017), James Baldwin (textes rassemblés et édités par Raoul Peck) (trad. Pierre Furlan), éd. Robert Laffont / Velvet Film, coll. « 10-18 », 2018  (ISBN 9782264073655), chap. Je ne suis pas un nègre, p. 145


Autres citations

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Si le concept de Dieu a une utilité, c'est de nous rendre plus grands, plus libres et plus aimants. Si Dieu ne peut pas faire ça, il est temps de se débarrasser de lui.
  • Au sujet de sa renonciation à la foi chrétienne.
  • « "Blacks say atheists were unseen civil rights heroes" », James Baldwin (propos cités par Kimberly Winston), USA Today, 23 février 2012 (lire en ligne)


Vous pensez que votre souffrance et votre cœur brisé sont sans précédent dans l'histoire du monde, mais ensuite vous lisez. C'est Dostoievski et Dickens qui m'ont appris que les choses qui me tourmentaient le plus étaient les choses mêmes qui me reliaient à l'ensemble des personnes qui étaient vivantes, ou qui avaient été vivantes un jour. Ce n'est que si nous faisons face à ces plaies ouvertes en ous-mêmes que nous pouvons les comprendre chez les autres. Un artiste est une sorte d'historien émotionnel ou spirituel. Son rôle est de vous faire comprendre la fatalité et la gloire qu'il y a à connaître qui vous êtes et ce que vous êtes. Il doit le dire, parce que personne d'autre n'en est capable, ce que c'est que d'être en vie.
  • (en) You think your pain and your heartbreak are unprecedented in the history of the world, but then you read. It was Dostoevsky and Dickens who taught me that the things that tormented me most were the very things that connected me with all the people who were alive, or who ever had been alive. Only if we face these open wounds in ourselves can we understand them in other people. An artist is a sort of emotional or spiritual historian. His role is to make you realize the doom and glory of knowing who you are and what you are. He has to tell, because nobody else can tell, what it is like to be alive.
  • (en) « Doom and glory of knowing who you are », James Baldwin (propos cités par Jane Howard) (trad. Wikiquote), LIFE, vol. 54 nº 21, 24 mai 1963, p. 89


Pour la plupart, quoi que nous en disions, nous marchons dans les ténèbres, nous sifflotons dans les ténèbres. Personne ne sait ce qui va lui arriver d'un moment à l'autre, ou comment il va le supporter. C'est irréductible. Et cela vaut pour tout le monde. Alors, il est vrai que la nature de la société consiste à créer, parmi ses citoyens, une illusion de sécurité ; mais il est tout aussi absolument vrai que la sécurité est toujours nécessairement une illusion. Les artistes sont là pour déranger cette paix.
  • (en) Most of us, no matter what we say, are walking in the dark, whistling in the dark. Nobody knows what is going to happen to him from one moment to the next, or how one will bear it. This is irreducible. And it's true of everybody. Now, it is true that the nature of society is to create, among its citizens, an illusion of safety; but it is also absolutely true that the safety is always necessarily an illusion. Artists are here to disturb the peace.
  • "An interview with James Baldwin", 1961.
  • (en) Conversations with James Baldwin, James Baldwin (cité par Fred L. Standley et Louis H. Pratt) (trad. Wikiquote), éd. University Press of Mississippi, 1989, chap. "An interview with James Baldwin" (1961), p. 21


Peut-être que je n'ai pas succombé à l'idéologie, comme vous dites, parce que je ne me suis jamais considéré comme un porte-parole. Je suis un témoin. Dans l'église où j'ai été élevé, vous étiez censé témoigner de la vérité. Alors, plus tard, vous vous demandez ce que la vérité peut bien être, mais vous savez ce que c'est qu'un mensonge.
  • (en) Perhaps I did not succumb to ideology, as you put it, because I have never seen myself as a spokesman. I am a witness. In the church in which I was raised you were supposed to bear witness to the truth. Now, later on, you wonder what in the world the truth is, but you do know what a lie is.
  • (en) « James Baldwin: Reflections of a Maverick », James Baldwin (propos recueillis par Julius Lester) (trad. Wikiquote), New York Times, 27 mai 1984 (lire en ligne)


Julius Lester : Quelle est à vos yeux la tâche à laquelle font face les écrivains noirs d'aujourd'hui, sans distinction d'âge ou de génération ?
Baldwin : Cela peut paraître étrange, mais je dirais : de rendre la question de la couleur obsolète.
Julius Lester : Et comment un écrivain noir ferait-il cela ?
Baldwin : Eh bien, vous me posez une question téméraire, je vais vous faire une réponse téméraire : il ferait cela en comprenant pour commencer que le monde n'est pas blanc. Et en comprenant que la vraie terreur qui s'empare du monde blanc maintenant est une terreur viscérale. Je ne peux pas le prouver, mais je le sais. C'est la terreur d'être décrit par ceux qu'ils ont passé tant de temps à décrire. Et cela va rendre le concept de couleur obsolète.

  • (en)

    Julius Lester : What do you see as the task facing black writers today, regardless of age or generation?
    Baldwin : This may sound strange, but I would say to make the question of color obsolete.
    Julius Lester : And how would a black writer do that?
    Baldwin : Well, you ask me a reckless question, I'll give you a reckless answer - by realizing first of all that the world is not white. And by realizing that the real terror that engulfs the white world now is a visceral terror. I can't prove this, but I know it. It's the terror of being described by those they've been describing for so long. And that will make the concept of color obsolete.

  • James Baldwin estime que la tâche qui attend les jeunes auteurs noirs de son temps consiste à rendre obsolète la question de la couleur de peau.
  • (en) « James Baldwin: Reflections of a Maverick », James Baldwin (propos recueillis par Julius Lester) (trad. Wikiquote), New York Times, 27 mai 1984 (lire en ligne)


Citations sur

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Avec ce nom de Baldwin, tu veux signifier à la descendance du maître - mais aussi à celle de l’esclave - les errements de l’histoire, les exactions et les humiliations endurées : « Je m'appelle Baldwin parce que je fus soit vendu par ma tribu africaine, soit volé à elle pour tomber entre les mains d’un chrétien Blanc du nom de Baldwin qui me força à m’agenouiller au pied de la croix. »


Dès que l’Amérique tremble dans son âme, dans son for intérieur, je relis avec empressement La prochaine fois le feu de James Baldwin, et j’entends cet écrivain murmurer :
 « J’imagine que si les gens s’accrochent à leurs haines avec tant d’obstination, c’est en partie parce qu’ils devinent que lorsque la haine disparaît, on a plus affaire qu’à la souffrance… »
  • Voir aussi « Alain Mabanckou : « Moi aussi, je chante l’Amérique » », Le Monde, 27 janvier 2015 [texte intégral] 
  • Le Monde est mon langage, Alain Mabanckou, éd. Grasset, 2016  (ISBN 978-2-246-80219-8), chap. Post-scriptum. Moi aussi je suis l’Amérique, p. 313 (lire en ligne)


Pour qui doit affronter le racisme, les quelques phrases de James Baldwin que l'on se plaît à citer sont un glaive manié pour se frayer un chemin dans un environnement social et politique hostile. Dans ce cas, les citations bagarreuses ou rendues telles par le fait qu'elles auront été extraites d'un texte plus ample, auront les faveurs du militant. La parole incendiaire, proférée il y a plusieurs décennies, pourra également avoir valeur de talisman, à la manière d'une prière profane que l'on garde par-devers soi afin de repousser les forces du mal. Tel est le destin de l'œuvre d'une icône. Pour qui détient le pouvoir qu'offre la racialisation favorable mais ne désire pas l'exercer – ceux qui le souhaitent se donnent d'autres figures tutélaires –, se référer à cet écrivain, c'est être, au moins en pensée, l'allié des personnes stigmatisées en raison de leur couleur de peau. Et c'est aussi se doter d'un arsenal redoutablement efficace de réflexions contre les tentations revanchardes et les penchants victimaires des discriminés. James Baldwin est donc utile à un grand nombre, puisqu'il fournit aux uns des outils de survie et aux autres une possible rédemption.
  • « Préface : Politique de l’amour », Léonora Miano, dans La croix de la rédemption, James Baldwin, éd. Stock, 2024  (ISBN 978-2-234-09707-0), p. 8


L'œuvre de James Baldwin renvoie chacun à ses responsabilités, à ses obligations, au regard de la destinée du genre humain. La condition noire dans son pays, en dépit de ses spécificités, est avant tout une des terribles manifestations de ce qu'il désigne comme « une vision européenne de l'univers ». Au-delà, elle symbolise le sort de tous ceux dont les droits sont bafoués. Comprendre James Baldwin revient donc à examiner son propre pays et à y agir pour faire advenir la justice, ce visage public de l'amour.
  • « Préface : Politique de l’amour », Léonora Miano, dans La croix de la rédemption, James Baldwin, éd. Stock, 2024  (ISBN 978-2-234-09707-0), p. 19-20


Lire James Baldwin et le comprendre, c'est accepter de se mettre en péril sur bien des plans : émotionnel, intellectuel, politique. Sans renvoyer dos à dos les uns et les autres, son œuvre exige de tous un engagement pour restaurer la fraternité humaine.
  • « Préface : Politique de l’amour », Léonora Miano, dans La croix de la rédemption, James Baldwin, éd. Stock, 2024  (ISBN 978-2-234-09707-0), p. 21-22


À présent, je découvre que, en ta compagnie, c’est moi-même que je connais. Voilà le don stupéfiant de ta vie et de ton amitié : c’est nous-mêmes que tu nous as donnés à méditer, à chérir.
  • La Source de l’amour-propre : essais choisis, discours et médiations (2019), Toni Morrison (trad. Christiane Laferrière), éd. 10-18, 2021  (ISBN 978-2-264-07793-6), chap. Éloge funèbre de James Baldwin, p. 359


Tu m’as offert la langue dans laquelle résider : cadeau si parfait qu’il semble être ma propre invention. Je pense tes pensées, parlées ou écrites, depuis si longtemps que je les croyais miennes. Je vois le monde à travers ton regard depuis si longtemps que je croyais que cette vision limpide, si limpide, était ma propre vision. Même maintenant, même ici, j’ai besoin que tu me dises ce que j’éprouve et comment l’exprimer.
  • La Source de l’amour-propre : essais choisis, discours et médiations (2019), Toni Morrison (trad. Christiane Laferrière), éd. 10-18, 2021  (ISBN 978-2-264-07793-6), chap. Éloge funèbre de James Baldwin, p. 360


« Notre couronne, as-tu dit, a déjà été achetée et payée. Tout ce que nous avons à faire, c’est la porter. » Et nous la portons, Jimmy. C’est toi qui nous as couronnés.
  • La Source de l’amour-propre : essais choisis, discours et médiations (2019), Toni Morrison (trad. Christiane Laferrière), éd. 10-18, 2021  (ISBN 978-2-264-07793-6), chap. Éloge funèbre de James Baldwin, p. 364


Notes et références

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  1. Colloque à la Wayne State University, Detroit, Michigan, 1980, publié dans Black English and The Education of Black Children and Youth, 1981 [lire en ligne], p. 55 .

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Fred L. Standley et Louis H. Pratt (dir.), Conversations with James Baldwin, Jackson, University Press of Mississippi, 1989. (ISBN 0878053883)

Articles connexes

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