Muse

neuf filles de Zeus et de Mnémosyne

Dans la mythologie grecque, les Muses sont les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne. C'est Platon, puis les néo-platoniciens, qui font des neuf Muses les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur intellectuel. En tant que nom commun, la muse désigne l'inspiration, ou la personne qui inspire l'artiste.

Apollon et les Neufs Muses — Gustave Moreau (1856)

Littérature

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Hésiode, La Théogonie (VIIe siècle avant J.-C.)

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Hésiode et une Muse, par Gustave Moreau, 1891
Pour commencer, chantons les Muses Héliconiennes, reines de l'Hélicon, la grande et divine montagne.
  • (grc) Μουσάων Ἑλικωνιάδων ἀρχώμεθ’ ἀείδειν,
    αἵ θ’ Ἑλικῶνος ἔχουσιν ὄρος μέγα τε ζάθεόν τε
  • Première invocation aux Muses, aux premiers vers de la Théogonie.
  • Théogonie. Les Travaux et les Jours. Le Bouclier., Hésiode (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1928, p. 32, vers 1-2


Nous savons conter des mensonges tout pareils aux vérités ; mais nous savons aussi, lorsque nous le voulons, proclamer des vérités.
  • (grc) ἴδμεν ψεύδεα πολλὰ λέγειν ἐτύμοισιν ὁμοῖα,
    ἴδμεν δ’ εὖτ’ ἐθέλωμεν ἀληθέα γηρύσασθαι.
  • Les Muses s'adressant à Hésiode.
  • Théogonie. Les Travaux et les Jours. Le Bouclier., Hésiode (trad. Paul Mazon), éd. Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1928, p. 33, vers 27-28


Joseph Joubert, Pensées (XVIIIe siècle)

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Il y a des vers qui, par leur caractère, semblent appartenir au règne minéral : ils ont de la ductilité et de l’éclat ; d’autres, au règne végétal : ils ont de la sève ; d’autres, enfin, au règne animal ou animé, et ils ont de la vie. Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la muse encore plus.


Souvenez-vous que la philosophie a une muse, et ne doit pas être une simple officine à raisonnement.


Charles-Augustin Sainte-Beuve, Portraits littéraires, 1829

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Il compare sa muse jeune et légère à l'harmonieuse cigale, amante des buissons, et s'il est triste, si sa main imprudente a tari son trésor, si sa maîtresse lui a fermé, ce soir-là, le seuil inexorable, une visite d'ami, un sourire de blanche voisine, un livre entrouvert, un rien le distrait, l'arrache à sa peine.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie André Chénier, 1829. Portraits littéraires, t.I, p. 35


Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1850

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Concevoir, disait-il, c'est jouir, c'est fumer des cigarettes enchantées ; mais sans l'exécution, tout s'en va en rêve et en fumée : Le travail constant, a-t-il dit encore, est la loi de l'art comme celle de la vie ; car l'art, c'est la création idéalisée. Aussi les grands artistes, les poètes, n'attendent-ils ni les commandes, ni les chalands ; ils enfantent aujourd'hui, demain, toujours. Il en résulte cette perpétuelle connaissance des difficultés qui les maintient en concubinage avec la Muse.
  • Il est ici question de Balzac.
  • Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6179-4), partie Balzac, 2 septembre 1850. Causeries du lundi, t. II, p. 35


Stéphane Mallarmé, Contre un poète parisien, 1861

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Contre un poète parisien

Mais j'aime peu voir, Muse, ô reine des poèmes,
Dont la toison nimbée a l'air d'un ostensoir,
Un poète qui polke avec un habit noir.

  • « Contre un poète parisien », dans Œuvres complètes, Stéphane Mallarmé, éd. Flammarion, 1983, p. 126


Quand je composais mon Mystère, la mémoire que j’avais de vous m’a aidé à évoquer la personne divine. Ce petit ruban de velours safrané que vous portez habituellement au cou m’a indiqué la couleur convenable pour le peplum de Perséphone. Et un soir, dans votre maison, comme je prenais congé de vous sur le seuil d’une pièce où les lampes n’étaient pas encore allumées, (...) vous avez réussi, par un seul de vos gestes, à mettre dans la pleine lumière de mon âme la créature qui s’y trouvait encore gisante et enveloppée ;(...) J’aurais dû vous consacrer mon œuvre comme à une Lucine idéale.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 11


Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922

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Rrose Sélavy nous révèle que le râle du monde est la ruse des rois mâles emportés par la ronde de la muse des mois.
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 20


Philippe Berthier, Chateaubriand — Europe n°775-776, 1993

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[...] tout se passe comme si, très vite, Chateaubriand se débarrassait de ce décor bon marché pour s'évader intérieurement, grâce à la poésie, vers des régions sublimes, inaccessibles aux cerbères qui l'ont sous bonne garde. Son premier soin, à peine bouclé, est de se nettoyer le corps (et l'âme) de toute cette souillure primaire en faisant le ménage avec une bonne humeur inattendue, et l'étrange sentiment d'un regain de jeunesse : après avoir procédé à ses ablutions et rangé ses petites affaires, Chateaubriand n'a plus l'impression d'être dans un bouge, mais « dans la cabine d'un vaisseau » ; le voilà en partance pour une traversée immobile, sur l'océan du souvenir et du songe ; le rite lustral lui a redonné ses vingt ans : il saute sur la table comme un jeune homme pour regarder par son hublot (hélas, aucune vue : on n'est pas à la tour Farnèse) ; il se retrouve magiquement revenu en arrière, démuni comme dans son galetas londonien, lorsque flottaient dans sa tête les premiers rêves de René. Et aussitôt, pour estampiller l'authenticité de cette expérience régénératrice, il reçoit la récompense réservée aux poètes pauvres : la visite rayonnante de la Muse, qui vient tout inspirée embrasser son favori. Lorsque la vie débarrasse de l'inessentiel par lequel elle se laisse trop souvent encombrer, elle redonne toutes ses chances à la création : si quelqu'un a jamais été persuadé qu'en art « qui perd gagne », c'est bien Chateaubriand.
  • « Les prisons du poète », Philippe Berthier, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 70



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