Napoléon Ier
Napoléon 1er (15 août 1769 - 5 mai 1821) est un homme politique français et militaire. Général et premier consul sous le nom de Napoléon Bonaparte, il devient Empereur des Français en 1804. À son apogée, il régna sur une grande partie de l'Europe.
Citations
modifierSur les hommes
modifier- Napoléon Bonaparte, 1791, dans Discours sur le bonheur ou Discours de Lyon.
- Citation choisie pour le 1 mai 2011.
Sur les sciences et la connaissance
modifier- Bonaparte au Directoire, 18 octobre 1797
- La campagne d'Égypte, Jacques-Olivier Boudon, éd. Belin, 2018 (ISBN 978-2410015270), p. 111
- Bonaparte au Directoire, 18 octobre 1797
- La campagne d'Égypte, Jacques-Olivier Boudon, éd. Belin, 2018 (ISBN 978-2410015270), p. 111
Sur la religion
modifier- Allocution aux curés de Milan, 5 juin 1800
- Correspondance de Napoléon Ier, Napoléon Bonaparte, éd. H. Plon, J. Dumaine, 1861, t. 6, p. 339
- Citation choisie pour le 12 mai 2009.
- Journal de Sainte-Hélène 1815-1818 (Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1944, t. 1, partie 28 janvier 1817, p. 304
Christianisme
- Campagnes d'Égypte et de Syrie 1798-1799 (dictées par lui-même à Saint-Hélène, gal Bertrand), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 1, Affaires religieuses, p. 206
Islam
- Lettre au Cheikh El-Messiri (11 fructidor an VI), Correspondance de Napoléon Ier, Napoléon Bonaparte, éd. H. Plon, 1861, t. 4, partie Pièce N° 3148, p. 420
- Journal de Sainte-Hélène 1815-1818 (Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1944, t. 1, partie 4 février 1817, p. 312
- Journal de Sainte-Hélène 1815-1818 (Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1944, t. 2, partie 28 août 1817, p. 226
Sur sa famille
modifier- Citation prononcée à Saint-Hélène
- « Une vie ajaccienne », Charles Napoléon, dans Napoléon, une enfance corse, Michel Vergé-Franceschi, éd. Larousse, 2009, partie Préface, p. 10
Divers
modifier- Œuvres de Napoléon Bonaparte, Napoléon Bonaparte, éd. C.L.F. Panckoucke, 1821, t. 1, partie Précis chronologique et historique de la vie de Napoléon Bonaparte, 1798 (an VI), 23 juillet (5 thermidor), p. 24
- Citation choisie pour le 6 octobre 2009.
- 7 septembre 1812, Napoléon à ses troupes avant la bataille de la Moskova (Borodino) afin de galvaniser ses hommes et les pousser à rééditer leur exploit de 1805 à Austerlitz.
- Œuvres de Napoléon Bonaparte, Albert Maurin, éd. Bureau de la Société des travailleurs réunis, Paris, 1849, t. 5, p. 42
- Lettre du 30 juillet 1806 de Napoléon à son frère Joseph, lors de l'accession de celui-ci au trône de Naples en 1806
- Napoléon et Joseph Bonaparte: correspondance intégrale, 1784-1818, Napoléon Bonaparte, éd. Tallandier, 2007, partie Pièce N° 469, p. 275
- En parlant de Madame de Staël
- — Napoléon, Le Mémorial de Sainte-Hélène, Comte de Las Cases, éd. T Ernest Bourdin, 1842, p. 554
- Répondant aux personnes qui l'appellent « général » et non « empereur ».
- Mémorial de Sainte-Hélène, Emmanuel de Las Cases, éd. Ernest Bourdin, 1842, t. Tome I, p. 45 (texte intégral sur Wikisource)
Citations rapportées de Napoléon Bonaparte
modifierMémoires du général de Caulaincourt, tome1, 1933
modifierMes frères ne me secondent pas. Ils n’ont des princes que la sotte vanité et aucun talent, point d’énergie. Il faut que je gouverne pour eux. Sans moi, ils ruineraient les pauvres Westphaliens pour enrichir des favoris, des maîtresses, pour donner des fêtes et bâtir des palais. Mes frères ne pensent qu’à eux. Je leur donne cependant bon exemple. Je suis le roi du peuple, car je ne dépense que pour encourager les arts, que pour laisser des souvenirs glorieux et utiles à la nation. On ne dira pas que je dote des favoris et des maîtresses. Je récompense les services rendus à la patrie et rien de plus.
- Mémoires du général de Caulaincourt (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-222-6), t. 1, p. 342
Alexandre se moque de moi. Croit-il que je suis venu à Wilna pour négocier des traités de commerce ? Je suis venu pour en finir une bonne fois avec le colosse des barbares du Nord. L’épée est tirée. Il faut les refouler dans leurs glaces afin que, de vingt-cinq ans, ils ne viennent pas se mêler des affaires de l’Europe civilisée. Même sous Catherine, ajouta-t-il, les Russes n’étaient rien ou peu de chose dans les affaires politiques de l’Europe. C’est le partage de la Pologne qui les a mis en contact avec la civilisation. Il faut maintenant que la Pologne les repousse à son tour chez eux. Sont-ce les batailles d’Austerlitz, de Friedland, serait-ce la paix de Tilsit qui autoriseraient les prétentions de mon frère Alexandre ? Il faut profiter de l’occasion et dégoûter les Russes de demander compte de ce qui se passe en Allemagne.
- Mémoires du général de Caulaincourt (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-222-6), t. 1, p. 354
Mémoires du général de Caulaincourt, tome2, 1933
modifierC'est l'Angleterre qui m'a poussé, forcé à tout ce que j'ai fait. Si elle n'avait pas rompu le traité d'Amiens, si elle avait fait la paix après Austerlitz, après Tilsit, je serais resté tranquille chez moi. La crainte de compromettre les capitaux de mon commerce m’eût maintenu. Je n'aurais rien entrepris au-dehors car ce n'était pas dans mon intérêt. Je ne me serais occupé que de la prospérité intérieure ; je me serais rouillé, accoutumé au repos. Rien n'est plus doux. Je ne suis pas plus ennemi qu'un autre des douceurs de la vie. Je ne suis pas un Don Quichotte qui a besoin de quêter les aventures. Je suis un être de raison qui ne fait que ce qu'il croit utile. La seule différence entre moi et les autres souverains, c'est que les difficultés les arrêtent et que j'aime à les surmonter, quand il m'est démontré que le but est grand, noble, digne de moi et de la nation que je gouverne.
- Propos rapportés de l'Empereur
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 217
Je me fais plus méchant que je ne suis, me dit-il en plaisantant, parce que j'ai remarqué que les Français sont toujours prêts à vous manger dans la main. C'est le sérieux qui leur manque et, par conséquent, ce qui leur en impose le plus. On me croit sévère, même dur. Tant mieux ; cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité ; comme c'est à cette opinion que l'on doit en partie l'ordre qui règne et de n'avoir rien à réprimer, quoi que nous soyons encore bien prêts de la Révolution et que nous vivions avec des générations élevées au milieu des troubles, sans idée de morale ou de religion, je ne m'en plains pas. Allez, Caulaincourt, je suis homme. J'ai aussi, quoi qu'en disent certaines personnes, des entrailles, un cœur, mais c'est un cœur de souverain. Je ne m'apitoie pas sur les larmes d'une duchesse, mais je suis touché des maux des peuples. Je les veux heureux et les Français le seront. L’aisance sera partout si je vis dix ans. Croyez-vous donc que je n'aime pas aussi à faire plaisir ? Un visage content me fait du bien à voir, mais je suis obligé de me défendre de cette disposition naturelle, car on en abuserait. Je l'ai éprouvé plus d'une fois avec Joséphine, qui me demandait toujours et me faisait même tomber dans des embuscades de larmes auxquelles j'accordais ce que j'aurais dû refuser.
- propos rapportés de l'Empereur
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 278
Il me faut des conseillers d'État, des préfets, des officiers, des ingénieurs, des professeurs. Il faut donc donner un grand développement à l'instruction et tremper un peu ces jeunes têtes des Grecs et des Romains. L'important est de diriger monarchiquement l'énergie de ces souvenirs, car voilà la seule histoire. Je m'occuperai encore de l'instruction, et ce sera mon premier soin à la paix, car c'est la garantie de l'avenir. Je veux qu'elle soit publique pour tous, même pour une partie de celle de mon fils. J'ai un grand projet sur cela.
- propos rapportés de l'Empereur
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 281, 282
Au reste, si l'on a à demander compte des malheurs de ce temps à quelqu'un, ce ne serait pas aux conventionnels qui furent entraînés par la frénésie du temps, par la Révolution qui avait été faite par la Cour elle-même. En réalité, en bonne justice, il ne faut demander compte de nos malheurs passés qu'aux princes et aux hommes de la Cour qui ont fait cette révolution. Les Montmorency, les Lameth, les d'aiguillon, les Talleyrand, les Lafayette, les La Rochefoucauld, Monsieur, frère du roi, et tant d'autres en étaient les vrais fauteurs.
- propos rapportés de l'Empereur
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 303, 304
Autres
modifier- Déclaration au Conseil d'État, le 1er août 1800
- (fr) Manager en toutes lettres, guide d'action et de culture (1995), François Aélion, éd. Les éditions d'organisation, 1999 (ISBN 2-7081-1803X), p. 330
- (fr) Apprendre à apprendre (2007), André Giordan et Jérôme Saltet, éd. Librio, coll. « Mémo inédit », 2008 (ISBN 978-2-290-00223-0), t. n°831, p. 63
- Citation choisie pour le 21 avril 2014.
- Extrait des Maximes et pensées.
- « Napoléon Premier fut un conquérant de l'Europe continentale. », Napoléon Bonaparte, proverbes-francais.fr, 10 février 2014 (lire en ligne)
- Manager en toutes lettres, guide d'action et de culture (1995), François Aélion, éd. Les éditions d'organisation, 1999 (ISBN 2-7081-1803X), p. 168
- Maxime de Napoléon rapportée par Balzac
- Illusions perdues (1839), Honoré de Balzac, éd. Houssiaux, 1874, partie II. Un grand homme de province à Paris, p. 185 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 23 novembre 2019.
Sur l'esclavage
modifier- Réponse de Napoléon à Truguet hostile aux colons des îles et à l'esclavage.
- Napoléon Bonaparte, 21 ventôse an XI, Paris, séance du Conseil d’État, dans Le Consulat et l'Empire, paru chez Jules Renouard, 1834, p.323, A.C Thibaudeau.
Citations sur Napoléon
modifier- Histoire de France (1924), Jacques Bainville, éd. D.E.F.I., coll. « Nos classiques », 1997 (ISBN 2-912385-01-6), chap. 17. Le Consulat et l'Empire, p. 410-411
Dès son entrée en campagne, il se montre tel qu'il est, un esprit supérieur qui saisit d'un coup d’œil les situations et qui les domine. Il a le génie militaire et le don de la politique. L'Italie, il la comprend dans sa diversité qui lui présentera un nouveau problème à chacune de ses victoires. L'ennemi, il le déconcerte par un art de combattre aussi audacieux et nouveau que son art de négocier est subtil. Cette conquête de tout un pays avec une poignée d'homme est un chef-d'œuvre de l'intelligence. C'est pourquoi, comprenant à peine comment tout cela se faisait, les contemporains y ont vu quelque chose de « surnaturel ».
L'Empereur montait à cheval, la nuit comme le jour, sans prévenir ; il se plaisait même à sortir à l'improviste et à mettre tout le monde en défaut. Ses chevaux de selle étaient divisés par brigade. Chaque brigade avait deux chevaux pour lui, un cheval pour le Grand écuyer et le nombre nécessaire pour les autres personnes de service que l'Empereur montait. Une brigade de chevaux de selle était toujours bridée, la nuit comme le jour. Tous les officiers devaient avoir aussi un cheval bridé. Le piquet de service, composé d'un officier et vingt chasseurs était toujours bridé. Les escadrons de service le fournissaient et le relevaient. Dans les autres campagnes, un seul escadron était de service. Dans celle de Russie, il y en avait quatre, moitié cavalerie légère, moitié grenadiers (?) et dragons. Le piquet ne quittait pas l'Empereur ; les escadrons suivaient en échelon ; ils ne bridaient que quand l'Empereur demandait ses chevaux, ce qui était toujours si imprévu et si prompt qu'il partait toujours avec trois ou quatre personnes ; les autres rejoignaient. Depuis Moscou, comme depuis Smolensk, les escadrons étaient quelquefois de service deux ou trois jours de suite ; les hommes et les chevaux étaient harassés. Habituellement l'Empereur rentrait tard, à nuit close. Les escadrons se jetaient au bivouac le mieux qu'ils pouvaient dans l'obscurité. Quand l'empereur montait à cheval à l'armée, il partait ordinairement au galop, ne fût-ce que pendant deux ou trois cent pas.
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 97
Hélas ! L'Empereur se faisait illusion, et cette erreur entraînait notre perte. Les chefs voyaient le salut de l'avenir dans l'excès même du mal et l'Empereur ne voyait pas ce mal aussi grand qu'il était. Il croyait réellement toucher au terme de ses sacrifices, pouvoir s'arrêter, pouvoir établir l'armée comme le prouve assez sa fatale insistance pour tout emmener, pour tout conserver, qui fut cause qui perdit tout. La fortune l'avait trop longtemps comblée de ses faveurs ; il ne put se croire tout à fait abandonné d'elle.
- retraite de Russie
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 137
Il semblait que la fortune voulait nous faire éprouver dans cette cruelle campagne tout ce que ses revers ont de plus fâcheux. Tout ce qui pouvait le plus déranger les combinaisons de l'Empereur se succédait. Après s’être vu enlever les magasins qui auraient pourvu à tous les besoins et donner le moyen de réorganiser l'armée, il perdait encore, au moment où il n'avait pas d'autre salut, le seul passage sur lequel il comptait. Tout autre eût été accablé. L’Empereur se montra plus grand que son malheur. Ces adversités, au lieu de l’abattre, firent ressortir davantage toute l’énergie de ce grand caractère ; il montra ce que peut un noble courage et une brave armée contre l'excès même de l'adversité. Il est certain que l'Empereur se montra supérieur à tous les événements, et, par conséquent, fait pour les maîtriser encore tous, s'il n'eût plus abusé de la fortune, des hommes et de la gloire. L'espoir, même l'apparence d'un succès l'enivrait plus que le plus grand revers ne l’abattait.
- retraite de Russie
- Mémoires du général de Caulaincourt, tome 2 (1933), Armand de Caulaincourt, éd. éditions des équateurs, 2012 (ISBN 978-2-84990-223-3), t. 2, p. 174, 175
- De la France, Henri Heine, éd. Eugène Renduel, 1833, p. 338
Au Nil je le retrouve encore.
L'Égypte resplendit des feux de son aurore;
Son astre impérial se lève à l'orient.
Vainqueur, enthousiaste, éclatant de prestiges,
Prodige, il étonna la terre des prodiges.
Les vieux scheiks vénéraient l'émir jeune et prudent;
Le peuple redoutait ses armes inouïes;
Sublime, il apparut aux tribus éblouies
Comme un Mahomet d'Occident.
- Les Orientales, Victor Hugo, éd. Charpentier, 1850, Lui, p. 267
- Orientales (2004), Henry Laurens, éd. CNRS, 2007, Le projet d'État juif en Palestine attribué à Bonaparte, p. 143
Selon Jules Michelet, il est le dernier de nos grands hommes à avoir «fait de l'histoire de France celle de l'humanité». Des pans entiers de la culture française et européenne sont inspirés de son action et continuent à imprégner nos esprits. Rien de ce que la littérature, la philosophie et l'art ont produit pendant les deux premiers siècles qui ont suivi sa mort n'aurait pu exister sans l'histoire de Napoléon, le souvenir de Napoléon, le mythe de Napoléon, la légende de Napoléon.
Napoléon fut un homme d'État doté de ce que nous appellerions une magnifique «mécanique intellectuelle» : tempérament de chef, mémoire phénoménale, vastes connaissances, analyse minutieuse du nécessaire et du réalisable, pensée et expressions nettes, bon sens, énergie contagieuse, sûreté dans la prise de décision. Il ne changeait pas d'opinion tous les quatre matins pour plaire à tout le monde (ou ne déplaire à personne) et s'élevait souvent au-dessus «des petites vanités et des petites passions» avec lesquelles, disait-il, «on ne fait jamais rien de grand». L'historien Jean Lucas-Dubreton a écrit qu'il inaugurera au sommet de l'État l'ère du sérieux, celle du gouvernant qui gouverne vingt-quatre heures par jour et suscite la même abnégation chez ceux qui ont l'honneur de servir l'État.
S'inspirant de Montesquieu, Bonaparte écrivait en 1797 que «le droit de la guerre n'autorise peut-être pas à faire à son ennemi tout le mal possible». Il s'en tint en général à cette position, reprenant à son compte le «jus in bello» de l'Église et des philosophes : l'implacabilité de l'affrontement devait être tempéré par une sorte de code d'honneur touchant au respect des prisonniers, au secours aux blessés et à la sanctuarisation des hôpitaux, au remplacement du pillage par des contributions de guerre, à la protection et la bonne administration des populations civiles dans les territoires conquis. D'éducation intellectuelle classique et chrétienne, Napoléon considérait que la guerre était une affaire entre États qui ne mettait pas fin aux règles d'or de la civilisation.
Peut-on renier un homme qui eut comme programme l'ordre public, l'égalité civile et la reconnaissance du mérite ? Le premier est le fondement d'une société paisible dans laquelle l'État empêche que «l'homme soit un loup pour l'homme». La seconde est une ambition - et aussi une revendication - de tout citoyen de notre pays, dont l'accomplissement prime celui de la liberté. Le troisième est ce qui fonde la récompense et la promotion de l'effort individuel, des bonnes actions pour la collectivité et de l'amour de son métier. Sur ces trois points, le consensus s'est étiolé de façon accélérée ces dernières décennies.
- Les nuits italiennes (1853), Joseph Méry, éd. Payot & Rivages, coll. « Voyageurs », 1998, chap. III, p. 36
- Histoire du XIXe siècle (1874), Jules Michelet, éd. Adamant Media Corporation, 2002, t. 3-Jusqu'à Waterloo, p. 421
- Incipit
- L'Ombre de l'Aigle (1993), Arturo Pérez-Reverte (trad. Simon Vialle), éd. Le Temps des Cerises, 2022 (ISBN 978-2-37071-250-9), p. 27
A midi, L’Empereur sortit sur le perron, Bassano et Belliard l’entouraient dans une grappe d’aides de camp et de barons. Il y eut un brouhaha, comme une houle. Napoléon enleva son chapeau pour saluer les soldats qui levaient le nez vers lui, puis il descendit rapidement l’escalier en fer à cheval, s’avança en face des troupes qui avaient pris le garde-à-vous sans qu’on leur en donnât l’ordre. Quelques grognards avaient des larmes, d’autres reniflaient. L’empereur leva le bras, mais aucune acclamation délirante ne répondit comme d’habitude à ce geste ; un silence épouvantable s’installait. Il se mit à parler ; seuls les officiers massés devant lui entendaient vraiment ses paroles ; ils les répétaient derrière eux au fur et à mesure, et les phrases, par bribes, couraient de bouche en bouche, fortifiées par leur simplicité : « Je pars… Vous, mes amis, continuez à servir la France… Je vais écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble… Adieu, mes enfants ! »
- « Réflexion sur les origines de l'hitlérisme » (1940), dans Écrits historiques et politiques, Simone Weil, éd. Gallimard, 1960, p. 13-14