Pauvreté

situation d'un individu qui ne dispose pas des ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une société et son contexte

La pauvreté désigne dans une société donnée le fait d'être dans une situation d'infériorité matérielle par rapport aux individus les plus favorisés ; cela se traduit notamment par des difficultés à subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches, mais aussi par une stigmatisation de la part des personnes plus riches.

Un sans-abri aux États-Unis en 2004.

Philosophie

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Il me semble qu’à égalité d’esprit et de lumières, l’homme né riche ne doit jamais connaître aussi bien que le pauvre, la nature, le cœur humain et la société. C’est que, dans le moment où l’autre plaçait une jouissance, le second se consolait par une réflexion.
  • Maximes et Pensées (Œuvres complètes, tome I), Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, éd. Chaumerot jeune, 1824, chap. 3, p. 387


Georg Simmel, Les Pauvres, 1908

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Est pauvre celui dont les moyens ne suffisent pas à atteindre ses fins. Ce concept, purement individualiste, est réduit dans son application pratique dans le sens où certaines fins peuvent être considérées comme indépendantes de toute décision arbitraire et purement personnelle. D'abord, les fins que la nature impose : nourriture, vêtement, logement. Mais l'on ne peut déterminer avec certitude le niveau de ces besoins, un niveau qui serait valide partout, en toutes circonstances et en dessous duquel, par conséquent, la pauvreté existe dans un sens absolu. En fait, chaque milieu, chaque classe sociale a ses besoins typiques ; l'impossibilité de les satisfaire signifie pauvreté. De ceci découle le fait banal que dans toutes les civilisations développées il y a des personnes qui sont pauvres dans leur classe et qui ne seraient pas pauvres dans une classe inférieure, car les moyens qu'ils ont suffiraient à satisfaire les besoins typiques de cette classe.
  • Les pauvres (1908), Georg Simmel (trad. Bertrand Chokrane), éd. Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 1998  (ISBN 978-2-13-080180-1), p. 91-92


De plus, on peut remarquer que la croissance de la prospérité générale, de la vigilance policière et, par-dessus tout, de la conscience sociale, qui avec un mélange de bons et mauvais motifs, ne peut tolérer de voir la pauvreté, contribuent tous, de plus en plus, à imposer à la pauvreté la tendance à se dissimuler. Logiquement, cette tendance à se dissimuler isole de plus en plus les pauvres les uns des autres et les empêche de développer tout sentiment d'appartenance à une classe, comme cela était possible au Moyen Âge.
  • Les pauvres (1908), Georg Simmel (trad. Bertrand Chokrane), éd. Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 1998  (ISBN 978-2-13-080180-1), p. 100


Littérature

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Le code pénal est ce qui empêche les pauvres de voler les riches et le code Civil ce qui permet aux riches de voler les pauvres.
  • Formule classique de l'ENM
  • D'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère, éd. POL Editeur, coll. « Folio », 2009, p. 246


Permettez-moi de vous poser une simple question. Quels sont les plaisirs des riches qui profitent aux pauvres ? Et quels sont les plaisirs de pauvres dont les riches ne peuvent tirer profit ? Réfléchissez à cette question et vous verrez comment s'édifie un esclavage mûrement réfléchi.


[A Naples] le peuple est jeté dans la fosse creusée sous la grande nef de l'église, mais les plus pauvres terminent leur carrière en dehors des murs, transportés par deux croque-morts dans une simple charrette. C'est l'épreuve la plus cruelle, la punition la plus avilissante qu'on puisse infliger à ces malheureux, qui ont lutté toute leur vie contre la misère, et qui maintenant, tout de suite après leur mort, recommencent à être écrasés sous son poids. Pour échapper au terrain vague, aux croque-morts et à la charrette, ils s'associent de leur vivant en confraternités. Vous trouverez ainsi dans la joyeuse ville de Naples une cinquantaine de clubs mortuaires, qui assurent à chacun de leurs affiliés, contre une petite obole versée mensuellement, l'assistance gratuite pour toutes les occasions indispensables et ruineuses, toutes les fêtes de la vie et de la mort : le mariage, le baptême et la communion des enfants, l'extrême onction, les funérailles. Surtout les funérailles.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Dévotion, dérision, p. 203


Nous étions très pauvres. Mon père gagnait dix-huit francs par semaine, ma mère en gagnait dix. Elle aurait été tentée de manger les pommes pourries, mon père non, et il fallait l'écouter. Nous avons toujours commencé par manger les meilleurs paumes, en tout. Nous sommes restés pauvres, mais notre vie n'a jamais été triste, et nous n'avons jamais eu besoin de personne pour faire notre bonheur. Mon père n'était pas homme à confier cette tâche au premier venu : syndicat, gouvernement. Notre bonheur était notre affaire. La pomme pourrie allait à la poubelle et nous mangions la bonne. « C'est précisément, disait mon père, parce que nous sommes pauvres. » C'était tant de gagné.


André Gortz

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[...] la pauvreté ne disparaîtra que si disparaît l'inégalité des pouvoirs et des droits qui en est la source principale.
  • Écologie et Liberté, André Gortz, éd. Éditions Galilée, 1977, chap. 5 Quand la richesse rend pauvre, p. 66


Robert Kiyosaki, Père riche, père pauvre, 1997

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Le manque d'argent est la racine de tous les maux.
  • Père riche, père pauvre, Robert T. Kiyosaki, éd. Un monde différent, 2014, p. 16


Les pauvres et la classe moyenne travaillent pour l'argent. Les riches font en sorte que l'argent travaille pour eux.
  • Père riche, père pauvre, Robert T. Kiyosaki, éd. Un monde différent, 2014, p. 41


Si le royaume des cieux appartient aux pauvres, nul doute qu’au Vatican se compte un nombre considérable de damnés.


(...)la plus grande des erreurs de l'être humain, (...), la plus grosse tromperie vieille de milliers d'années réside en ceci : on a confondu être pauvre et être idiot.


Nous avons connu, nous avons touché un monde, (enfants nous en avons participé), où un homme qui se bornait dans la pauvreté était au moins garanti dans la pauvreté. C'était une sorte de contrat sourd entre l'homme et le sort, et à ce contrat le sort n'avait jamais manqué avant l'inauguration des temps modernes. Il était entendu que celui qui faisait de la fantaisie, de l'arbitraire, que celui qui introduisait un jeu, que celui qui voulait s'évader de la pauvreté risquait tout. Puisqu'il introduisait le jeu, il pouvait perdre. Mais celui qui ne jouait pas ne pouvait pas perdre. Ils ne pouvaient pas soupçonner qu'un temps venait, et qu'il était déjà là, et c'est précisément le temps moderne, où celui qui ne jouerait pas perdrait tout le temps, et encore plus sûrement que celui qui joue.


Vous ne savez pas ce que c'est que d'être riche ?

- Pas beaucoup. Je n'ai jamais pensé à cela.

- C'est que vous êtes riche, alors. Moi, je sais très bien ce que c'est d'être pauvre.
  • Contes d'une grand-mère (1873), George Sand, éd. GF-Flammarion, 2004, Le Château de Pictordu, p. 32


Je traite les inférieurs en égaux : c'est un pieux mensonge que je leur fais pour les rendre heureux et dont il convient qu'ils soient dupes jusqu'à un certain point. A ma bonne, au facteur, à ma chienne, je parle d'une voix patiente et tempérée. Dans ce monde en ordre il y a des pauvres. Il y a aussi des moutons à cinq pattes, des sœurs siamoises, des accidents de chemin de fer : ces anomalies ne sont la faute de personne. Les bons pauvres ne savent pas que leur office est d'exercer notre générosité ; ce sont des pauvres honteux, ils rasent les murs ; je m'élance, je leur glisse dans la main une pièce de deux sous et, surtout, je leur fais cadeau d'un beau sourire égalitaire. Je trouve qu'ils ont l'air bête et je n'aime pas les toucher mais je m'y force : c'est une épreuve ; et puis il faut qu'ils m'aiment : cet amour embellira leur vie. Je sais qu'ils manquent du nécessaire et il me plaît d'être leur superflu.


Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l'esclavage.
  • Discours du 25 août 1958 à Conakry, lors de la visite du général de Gaulle venu promouvoir la constitution de la Communauté française.
  • Ahmed Sékou Touré, 25 août 1958, Conakry, dans BBCAfrique.com, paru 3 octobre 2008, Ahmed Sékou Touré : parus dans l'article intitulé « Guinée: 50 ans de « pauvreté » ».


Une vie dans l'abondance et le confort bourgeois est en contradiction avec l'esprit d'une sainte pauvreté et sépare du Pauvre crucifié


Et puis un besoin de pauvreté s'est emparé de lui. Il méprise sa fortune, non pas en termes de reniement des siens mais par son désintérêt même. C'est au-dedans de soi que se trouve la richesse, et il découvre dans la pauvreté des richesses insoupçonnées. C'est qu'elle déplace les désirs et les nécessités, elle donne priorité à ce qu'il sent monter en lui : le dépouillement de soi, l'avènement d'un autre savoir.


Mon expérience au sein de Grameen m'a donné une foi inébranlable en la créativité des êtres humains. J'en suis venu à penser qu'ils ne sont pas nés pour souffrir de la faim et de la misère. […] Je suis profondément convaincu que nous pouvons débarrasser le monde de la pauvreté si nous en avons la volonté.


J’ai toujours eu la certitude qu’éliminer la pauvreté de la planète était davantage une affaire de volonté que de moyens financiers. […] La charité, de son côté, ne résout rien. Elle ne fait que perpétuer la pauvreté en retirant aux pauvres toute initiative.


Un monde sans pauvreté, c’est possible. Nous avons créé un monde sans apartheid, sans esclavage, pourquoi ne pas créer un monde sans pauvreté ? […] Un tel monde serait certainement loin d’être parfait mais nous pourrions enfin être fiers d’y vivre.
  • Vers un monde sans pauvreté, Muhammad Yunus (trad. Olivier Ragasol Barbey et Ruth Alimi), éd. Jean Claude Lattès, 1997  (ISBN 978-2-253-12206-7), p. 407


Médias

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Claude Julien, « L'alibi perdu », Le Monde Diplomatique (1991)

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Le capitalisme, dont les pays ex-communistes commencent à faire l’expérience, ne se propose pas d’éliminer la pauvreté mais, autant que possible, de la rendre supportable, de la maintenir, au moindre coût, au-dessous du seuil où elle ne manquerait pas d’exploser et de menacer le bien-être des privilégiés.


Le Sarkophage

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Trente milliards de dollars suffiraient chaque année pour résoudre le problème de la faim dans le monde. Soyons réalistes : les riches n'ont pas à payer pour les pauvres. 1 400 milliards de dollars ont été injectés en pure perte pour tenter de sauver le système financier capitaliste. Soyons réalistes : les pauvres peuvent bien payer pour les riches.
  • « Éditorial », Charlotte Belge, Le Sarkophage, nº 9, novembre 2008 - janvier 2009, p. 1


Théâtre

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Patrick Timsit, Le spectacle de l'homme seul debout, 2008

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La mort c'est bien pour les pauvres. Bah si ! C'est quand même la seule fois où les pauvres roulent en mercedes à l'arrière avec un chauffeur.
  • Le spectacle de l'homme seul debout, Patrick Timsit, album Le spectacle de l'homme seul debout, 25 novembre 2008 chez Universal Studio Canal Video.


Musique

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Jacques Offenbach, La Périchole (1900)

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La Périchole : Crois-tu qu’on puisse être bien tendre,
Alors que l’on manque de pain ?
À quels transports peut-on s’attendre,
En s’aimant quand on meurt de faim ?

  • Théâtre de Meilhac et Halévy. La Périchole, Jacques Offenbach. Livret de Meilhac et Halévy, d'après Mérimée, éd. Calmann-Lévy, 1900, vol. 5, Acte I, scène 9, p. 238


Cinéma

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Robin des bois, studios Disney, 1973

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Prince Jean (jubilant) : Les taxes ! Les taxes ! Magnifiques taxes !
Triste Sire : Sire vous avez un merveilleux don pour inciter les pauvres à donner leur argent. (rire)
Prince Jean : En termes choisis, mon cher conseiller, je dérobe aux pauvres afin de nourrir les riches. (rire)

  • Alors que le cortège royal traverse la forêt de Sherwood, le prince Jean rit aux éclats en faisant sonner ses pièces d’or. Triste Sire le complimente sur la facilité avec laquelle il parvient à obtenir l’argent des pauvres, et le prince Jean définit cette activité d’une façon bien à lui.
  • Peter Ustinov, Terry-Thomas (vo), Philippe Dumat, Roger Carel (vf), Robin des Bois (1973), écrit par Ken Anderson et Larry Clemmons


Articles connexes

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Liens externes

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