Transhumanisme

mouvement culturel et intellectuel

Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables.

H+, un symbole du transhumanisme

Citations

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L’homme qui vivra 1 000 ans est déjà né.


Le slogan du XXIe siècle, ce sera : plutôt transhumain que mort.
  • « La médecine va de plus en plus prévoir et prévenir », Laurent Alexandre, propos recueillis par Laurence Caille, Migros Magazine, nº 41, 10 octobre 2011, p. 38


La posthumanité reste une possibilité. Je ne suis pas du tout sûr qu'il faille renoncer à notre humanité biologique, c'est-à-dire accepter des formes d'intelligence totalement artificielles. A supposer que cela soit possible, cela me semble quelque choses contre lequel nous devons lutter. A titre personnel, transhumanité oui, posthumanité non. C'est un cauchemar et je pense que nous devons dire non à l'échelle mondiale. Bien évidemment, si un pays ne rentrait pas dans ce pacte, tout le monde serait obligé de suivre. Si les Chinois font de l'eugénisme intellectuel et fabriquent des Bill Gates à la chaîne, pourrons-nous ne pas suivre? Soit on dit non mondialement, soit les pays qui refusent deviennent les esclaves des pays qui acceptent de développer ces technologies. Donc on voit bien qu'il faut un accord mondial.
  • « La médecine va de plus en plus prévoir et prévenir », Laurent Alexandre, propos recueillis par Laurence Caille, Migros Magazine, nº 41, 10 octobre 2011, p. 41-43


Depuis quelques temps, un grand nombre de recherches scientifiques s'efforcent de rendre la vie « artificielle » elle aussi, et de couper le lien qui maintient encore l'homme parmi les enfants de la nature. C'est le même désir d'échapper à l'emprisonnement terrestre qui se manifeste dans les essais de création en éprouvette, dans le vœu de combiner « au microscope le plasma germinal provenant de personnes aux qualités garanties, afin de produire des êtres supérieurs » et de « modifier leurs tailles, formes et fonction » ; et je soupçonne que l'envie d'échapper à la condition humaine expliquerait aussi l'espoir de prolonger la durée de l'existence fort au-delà de cent ans, limite jusqu'ici admise. Cet homme futur, que les savants produiront, nous disent-ils, en un siècle pas davantage, paraît en proie à la révolte contre l'existence humaine telle qu'elle est donnée en cadeau venu de nulle part (laïquement parlant) et qu'il veut pour ainsi dire « échanger contre un ouvrage de ses propres mains ».
  • Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958.


Le transhumanisme ne vise pas à la santé, non ; il regarde un corps humain en parfaite santé comme défectueux, comme insuffisant. Il n'espère pas, par exemple, vaincre la maladie d'Alzheimer par une thérapeutique nouvelle — nous rendre l'usage normal de nos fonctions organiques, c'est ce que la médecine recherche depuis toujours. Le transhumanisme se donne un but totalement différent : non pas réparer le corps humain, mais le remplacer. Il ne s'agit plus de se modeler sur une régularité naturelle, que l'on appelle la santé — l'état du corps dans son cours ordinaire, quand aucune pathologie n'est venue le troubler. Le progressisme post-moderne ne veut pas recevoir l'homme tel qu'il est, mais le dépasser — pour cela, il faut commencer par le mépriser, et par se mépriser soi-même.


Dans son fond, le transhumanisme est d'abord un anti-humanisme : celui qui aime être un humain n'a aucune raison de rêver de devenir un post-humain : il a même tout à craindre de la réalisation d'une telle perspective. Reconnaître la valeur infinie de la vie humaine, l'aimer malgré ses limites et ses épreuves, c'est aussi s'inquiéter de sa fragilité, et éprouver une inévitable angoisse devant les risques qui la menacent, à commencer par la folie des hommes eux-mêmes ; si cette vie est un trésor irremplaçable, comment ne pas être inquiet qu'elle puisse sombrer, dans l'extinction écologique ou dans le fantasme techniciste ? L'inquiétude est peut-être un signe d'amour ; ce qui est certain en tout les cas, c'est que pour être exclusivement optimiste, pour croire qu'on a tout à gagner, et donc plus rien à perdre, il faut être très déprimé…


je ne connais pas les intentions des transhumanistes. Sont-ce uniquement des intérêts financiers ? Veulent-ils jouer un rôle qui ne leur est pas dévolu ? Autant de questions éthiques qui se posent. C'est pourquoi il est indispensable aujourd'hui de traiter tous ces sujets au niveau politique, celui de la cité. C'est une responsabilité éthique et philosophique pour laquelle je n'ai pas encore toutes les réponses, car je construis ma réflexion, mais on ne pourra pas balayer ces questions d'un revers de la main. Je crois en effet que le sens du progrès et de l'histoire ne peut être accaparé seulement par quelques géants de la côte ouest américaine, ou parce que le transhumanisme serait « forcément » populaire.

  • « Et l'éthique dans tout cela ? », Xavier Bertrand, Revue Boussole, nº 6, Automne Hiver 2017, 2018, p. 21


Nous avons désormais entre nos mains des clés performantes, surpuissantes, brûlantes. À manier avec précaution. Le défi est poignant, mais c'est aussi une chance à saisir. De toutes les façons, nous n'avons plus le choix : la révolution biotechnologique place l'humanité au pied du mur. Pour se préserver de la dénaturation, l'homme doit maintenant se définir. Il lui faut comprendre son identité pour y consentir et s'humaniser davantage. Cela suppose de résister aux nouvelles sirènes scientistes. Car leur chanson, devenue tonitruante, annonce une « redéfinition » de l'homme.


Avec eux, l'humanité ne risque plus seulement, en défigurant la planète, de scier la branche sur laquelle elle est assise, la voilà en passe de profaner le précieux sanctuaire de son identité. Partie de la nature, fragile et splendide créature greffée sur l'arbre foisonnant de la biodiversité, l'homme dirige sa cognée sur son propre tronc. Il est prêt à s'autoabattre. À se coucher en grand silence devant la surpuissante idole du cyborg dominateur, cet « organisme cybernétique » qu'il entend fabriquer.
Le bras de fer anthropologique est engagé. L'homme est à sauver de lui-même.


Le rêve de l'homme augmenté est celui d'un homme diminué, et content de l'être. Il se projette en cyborg pour se dispenser de devenir humain. Il veut une intelligence artificielle parce qu'il n'a pas commencé à penser. Il est fasciné par le futur parce qu'il ne sait pas s'émerveiller devant le premier venu — devant l'événement d'une naissance.

  • « De la croissance à la croix, contre une immaturité sans fin », Fabrice Hadjadj, revue Limite, nº 1, Septembre 2015, p. 5


Ce sont des gens qui ne sauront rien faire mieux que l'intelligence artificielle. Au 20è siècle, la classe ouvrière pouvait lutter contre son exploitation par la classe supérieure. Elle avait des moyens de pression, puisque sans elle l'économie ne pouvait pas tourner. Rien de tel pour la classe inutile. Certains gentils dirigeants de la Silicon Valley pourront peut-être leur donner de l'argent pour les aider à vivre, mais voilà tout... Vous ne pouvez pas faire grève si vous ne servez à rien !


L'élite, qui n'aura pas même besoin de les exploiter, devra lutter contre eux, et ne perdra rien à les faire disparaître, puisque ces inutiles n'auront plus aucun rôle économique ou militaire. L'Homme-Dieu sera pire que le pire des dictateurs.
  • Yuval Noah Harari, 19 octobre 2017, dans « Postface - Yuval Noah Harari », Challenges n° 538.


De tous les biens terrestres, la jeunesse physique est à l'évidence le plus précieux ; et nous ne croyons plus aujourd'hui qu'aux biens terrestres.


L'humanisme ne risque pas de disparaître demain, il a déjà disparu aujourd'hui avec la chosification de l'embryon humain, la marchandisation du vivant et la police des ventres. Le transhumanisme est un créneau porteur qui agit comme une entreprise de démobilisation et de désarmement moral. Or, nous avons tous les moyens de ne pas devenir demain les robots du transhumanisme à condition de commencer par ne pas être les robots de la pensée dominante aujourd'hui.
  • « L'avortement est d'abord le fait de tuer un enfant », Jean-Marie Le Méné, propos recueillis par Béatrice Piot, L'Homme nouveau (ISSN 0018 4322), nº 1581, 3 janvier 2015, p. 10


L'eugénisme et le transhumanisme sont les produits d'un profond désarroi. La foi moderne voulait que grâce à la puissance des sciences et des techniques, les humains façonnent le monde pour rendre celui-ci plus accueillant, plus agréable à vivre — un Eden retrouvé. Mais les faits démentent cette mirifique prévision : ce sont plutôt les êtres humains qui, aujourd'hui, ont un mal croissant à s'adapter au monde.
  • « C'est la taille qui compte, entretien avec Olivier Rey », Gaultier Bès, Limite, nº 1, Septembre 2015, p. 75


Il faudrait résister aussi à tous les gadgets, prothèses, stimulants que nous propose l'industrie transhumaniste, jusqu'à tuer la mort, au péril de l’humain.


Autour de Larry Page, le patron de Google, dont les ressources et les audaces sont sans limites, le post-humanisme prône un saut éthique : il ne s'agit plus de réparer l'homme, mais de l'augmenter. Ce changement de paradigme anthropologique n'est aucunement dissimulé, mais revendiqué : le transhumanisme est un projet « politique ». Et il va nous être imposé tout en douceur, par la société de consommation. Car c'est un narcissisme tentateur, irrésistible.
Nous nous éloignons peu à peu de la vision anthropologique dont nous sommes, nous Européens, les héritiers ; celle qui fut transmise par la pensée grecque, l'héritage judéo-chrétien et toute la philosophie occidentale.


Car, dans la société post-humaniste, la conception de l'homme aura changé et il n'y aura plus de place pour les handicapés ni pour les faibles d'esprit ou de corps, plus de place pour les « sous-hommes », insuffisamment performants. Toujours la même histoire, l'hubris dénoncée par les Grecs, l'orgueil monstrueux.

Le post-humanisme prépare la fin de toutes les charités. Au nom d'un monde meilleur, le meilleur des mondes.


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