Transhumanisme
Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables.
Citations
modifier- Laurent Alexandre, 27 mai 2016, dans En 2050, les gens avec moins de 150 de QI ne serviront à rien, Nom de Zeus'.
- « La médecine va de plus en plus prévoir et prévenir », Laurent Alexandre, propos recueillis par Laurence Caille, Migros Magazine, nº 41, 10 octobre 2011, p. 38
- « La médecine va de plus en plus prévoir et prévenir », Laurent Alexandre, propos recueillis par Laurence Caille, Migros Magazine, nº 41, 10 octobre 2011, p. 41-43
- Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958.
Le transhumanisme ne vise pas à la santé, non ; il regarde un corps humain en parfaite santé comme défectueux, comme insuffisant. Il n'espère pas, par exemple, vaincre la maladie d'Alzheimer par une thérapeutique nouvelle — nous rendre l'usage normal de nos fonctions organiques, c'est ce que la médecine recherche depuis toujours. Le transhumanisme se donne un but totalement différent : non pas réparer le corps humain, mais le remplacer. Il ne s'agit plus de se modeler sur une régularité naturelle, que l'on appelle la santé — l'état du corps dans son cours ordinaire, quand aucune pathologie n'est venue le troubler. Le progressisme post-moderne ne veut pas recevoir l'homme tel qu'il est, mais le dépasser — pour cela, il faut commencer par le mépriser, et par se mépriser soi-même.
- Demeure, pour échapper à l'ère du mouvement perpétuel, François-Xavier Bellamy, éd. Grasset, 2018 (ISBN 978-2-246-81558-7), p. 112
Dans son fond, le transhumanisme est d'abord un anti-humanisme : celui qui aime être un humain n'a aucune raison de rêver de devenir un post-humain : il a même tout à craindre de la réalisation d'une telle perspective. Reconnaître la valeur infinie de la vie humaine, l'aimer malgré ses limites et ses épreuves, c'est aussi s'inquiéter de sa fragilité, et éprouver une inévitable angoisse devant les risques qui la menacent, à commencer par la folie des hommes eux-mêmes ; si cette vie est un trésor irremplaçable, comment ne pas être inquiet qu'elle puisse sombrer, dans l'extinction écologique ou dans le fantasme techniciste ? L'inquiétude est peut-être un signe d'amour ; ce qui est certain en tout les cas, c'est que pour être exclusivement optimiste, pour croire qu'on a tout à gagner, et donc plus rien à perdre, il faut être très déprimé…
- Demeure, pour échapper à l'ère du mouvement perpétuel, François-Xavier Bellamy, éd. Grasset, 2018 (ISBN 978-2-246-81558-7), p. 114
je ne connais pas les intentions des transhumanistes. Sont-ce uniquement des intérêts financiers ? Veulent-ils jouer un rôle qui ne leur est pas dévolu ? Autant de questions éthiques qui se posent. C'est pourquoi il est indispensable aujourd'hui de traiter tous ces sujets au niveau politique, celui de la cité. C'est une responsabilité éthique et philosophique pour laquelle je n'ai pas encore toutes les réponses, car je construis ma réflexion, mais on ne pourra pas balayer ces questions d'un revers de la main. Je crois en effet que le sens du progrès et de l'histoire ne peut être accaparé seulement par quelques géants de la côte ouest américaine, ou parce que le transhumanisme serait « forcément » populaire.
- « Et l'éthique dans tout cela ? », Xavier Bertrand, Revue Boussole, nº 6, Automne Hiver 2017, 2018, p. 21
Nous avons désormais entre nos mains des clés performantes, surpuissantes, brûlantes. À manier avec précaution. Le défi est poignant, mais c'est aussi une chance à saisir. De toutes les façons, nous n'avons plus le choix : la révolution biotechnologique place l'humanité au pied du mur. Pour se préserver de la dénaturation, l'homme doit maintenant se définir. Il lui faut comprendre son identité pour y consentir et s'humaniser davantage. Cela suppose de résister aux nouvelles sirènes scientistes. Car leur chanson, devenue tonitruante, annonce une « redéfinition » de l'homme.
Avec eux, l'humanité ne risque plus seulement, en défigurant la planète, de scier la branche sur laquelle elle est assise, la voilà en passe de profaner le précieux sanctuaire de son identité. Partie de la nature, fragile et splendide créature greffée sur l'arbre foisonnant de la biodiversité, l'homme dirige sa cognée sur son propre tronc. Il est prêt à s'autoabattre. À se coucher en grand silence devant la surpuissante idole du cyborg dominateur, cet « organisme cybernétique » qu'il entend fabriquer.
Le bras de fer anthropologique est engagé. L'homme est à sauver de lui-même.
Le rêve de l'homme augmenté est celui d'un homme diminué, et content de l'être. Il se projette en cyborg pour se dispenser de devenir humain. Il veut une intelligence artificielle parce qu'il n'a pas commencé à penser. Il est fasciné par le futur parce qu'il ne sait pas s'émerveiller devant le premier venu — devant l'événement d'une naissance.
- « De la croissance à la croix, contre une immaturité sans fin », Fabrice Hadjadj, revue Limite, nº 1, Septembre 2015, p. 5
- Yuval Noah Harari, 14 septembre 2017, dans "Homo deus" : Yuval Noah Harari présente à Paris son livre événement, Science et avenir'.
- Yuval Noah Harari, 19 octobre 2017, dans « Postface - Yuval Noah Harari », Challenges n° 538.
- Les Particules élémentaires (1998), Michel Houellebecq, éd. J'ai lu, coll. « Nouvelle génération », 2006 (ISBN 2-290-35171-7), p. 258
- « L'avortement est d'abord le fait de tuer un enfant », Jean-Marie Le Méné, propos recueillis par Béatrice Piot, L'Homme nouveau (ISSN 0018 4322), nº 1581, 3 janvier 2015, p. 10
- « C'est la taille qui compte, entretien avec Olivier Rey », Gaultier Bès, Limite, nº 1, Septembre 2015, p. 75
Il faudrait résister aussi à tous les gadgets, prothèses, stimulants que nous propose l'industrie transhumaniste, jusqu'à tuer la mort, au péril de l’humain.
- « Jacques Testart : Préserver notre espèce d’un eugénisme de masse », Jacques Testart, Le parisien, 8 avril 2018 (lire en ligne)
Autour de Larry Page, le patron de Google, dont les ressources et les audaces sont sans limites, le post-humanisme prône un saut éthique : il ne s'agit plus de réparer l'homme, mais de l'augmenter. Ce changement de paradigme anthropologique n'est aucunement dissimulé, mais revendiqué : le transhumanisme est un projet « politique ». Et il va nous être imposé tout en douceur, par la société de consommation. Car c'est un narcissisme tentateur, irrésistible.
Nous nous éloignons peu à peu de la vision anthropologique dont nous sommes, nous Européens, les héritiers ; celle qui fut transmise par la pensée grecque, l'héritage judéo-chrétien et toute la philosophie occidentale.
- Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe De Villiers, éd. Albin Michel, 2015, p. 276
Le post-humanisme prépare la fin de toutes les charités. Au nom d'un monde meilleur, le meilleur des mondes.
- Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe De Villiers, éd. Albin Michel, 2015, p. 277