Alix Cléo Roubaud

photographe française
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Alix Cléo Blanchette, connue après son mariage sous le nom Alix Cléo Roubaud (née le 19 janvier 1952 à Mexico, et morte dans le 4e arrondissement de Paris le 28 janvier 1983) est une photographe et écrivaine française d'origine canadienne.

Citations modifier

Une image incomplète doit montrer qu’elle est incomplète.
  • 28.XII.79
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 21


Dégager l’âme des choses.Leur double incorporel.Ton autre visage,celui que tu ne vois pas,en deçà de ton œil,au-delà de ta vie:redoublement né du regard amoureux:je t’aime jusque-là.
  • 6/7.I.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 22


Photographier le sommeil(là où on ne se voit pas);furtif de la photographie,comme si on voulait regarder et fixer l’aveuglement de l’autre,du photographié,comme si on voulait obturer ses sens,détourner son regard à jamais, comme si on voulait être seul au monde à voir du tout,et que le monde était tout entier vu.
  • 6/7.I.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 23


S’endormir comme tout le monde,etc,une simple vie réglée.S’endormir comme tout le monde,ce que je veux.

(je veux m’endormir comme les autres gens,c’est tout).

J’ai à faire avant d’y parvenir.
  • 25.I.80,un matin
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 27


L’horreur vient le matin

Elle ne vient pas du matin elle vient de la nuit et arrive quand elle survit à la nuit

quand au matin le monde a gardé son visage de nuit

  • 1.II.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 30


Que nous soyons la chambre noire l’un de l’autre

(don’t wake up don’t look now)!!!

ne regarde pas ce moi nocturne qui écrit à la faveur de ton sommeil détourne le regard tu ne sais pas de quoi il s’agit cette pure phobie de l’irruption dans ma nuit à moi cet espace à moi, ce temps à moi, seule en fin, face à ma fin, par exemple.
  • 9.II.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 32


Prisonnière de ma propre cage.bien aménagée.Inlocalisable.
  • 1.IV.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 42


La mort, mon amour, plutôt que l’enfermement,le retrait du monde, l’invulnérabilité sainte que,sacrilège,je désirais en la mort,tout cela dans le mariage.
  • 7.IV.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 43


Que mes photos soient dans le quotidien:notre œil tourné vers le futur antérieur de l’image consignée:nous avons été cela.
  • 7.IV.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 44


Il est vrai que la photographie est un futur antérieur sans cesse déchiré.Je veux dire la pratique photographique de l’autoportrait quotidien ,toujours à recommencer.
  • 25.IV.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 45


Beauté plus pure ne connais pas de beauté plus pure que la répétition tous les jours,la beauté plus pure chaque jour de la répétition,chaque jour,de cela chaque jour.
  • 25.IV.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier bleu, p. 46


La peinture du même lit serait une répétition simple. La photographie du même lit,à un jour près,ne répète pas,mais ajoute un de plus:le photographiable est aussi infiniment fragmentable(en ces fragments brillants que sont les photos)que ce temps que nous avons au monde.
  • 14.VII.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie grand cahier noir, p. 51


Ô mon amour s’il te plaît écoute bien:je ne suis pas un écrivain,je ne le suis en aucun sens imaginable,ce qui en un sens ne rend pas l’explication facile à faire à quelqu’un qui l’est:je n’ai aucun langage en ma possession en lequel je pourrais écrire;mais quoi qu’il en soit il FAUT que j’écrive,aussi souvent que possible, tous les jours si je peux;c’est un exercice à la fois vital et horrible parce qu’aucun de ses produits ne pourra jamais être montré à personne tant que je vivrai.Pas vraiment.Non.Pas vraiment.Non.Ô mon amour aucune importance si tu ne comprends pas du moment que tu sais.
  • 16.VII.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie grand cahier noir, p. 57


je vais mourir.
Tu vas me perdre,mon amour.
Je n’ai jamais aimé que toi.
Je mérite la mort.
Je mérite la mort,stupide,inutile amoureuse.
Tu me verras morte Jacques Roubaud. On viendra te chercher.Tu identifieras mon cadavre.
Tu ne sais rien de Dieu.
prépare-toi à ma mort.
tu m’aimes pour les raisons de la vie –sottement tu oublies les raisons de la mort.

  • 3.VIII.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie grand cahier noir, p. 65-66


  • 14.X.80
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie grand cahier noir, p. 84


Une photographie est vraiment une forme du silence.Pourtant un journal peut montrer ses silences,comme une image incomplète son incomplétude.
  • (en) Photography is indeed a form of silence.But still a diary can show its silences, as an incomplete image its incompleteness.
  • 14.I.81
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier italien clair, p. 104-105


Incapacité d’écrire,sauf dans un état un peu second.La torture mentale du bilinguisme s’affine.je ne peux pas écrire une phrase sans la corriger mentalement dans l’autre langue.un mariage avec un manieur de la langue n’a rien arrangé.
  • 31.VIII.81
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie deuxième cahier bleu, p. 146


J’ai voulu,à tort,être écrivain. Épouser un poète était le meilleur moyen de ne pas l’être.
  • 20.VII.82
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie deuxième cahier bleu, p. 193


Entre dire et montrer ? L’idéal est le mutisme et la monstration:silence et ostentation du cadavre.

Il n’est pas obligatoirement mon premier public; je ne suis pas obligatoirement sa première lectrice.
Raconter un projet l’annule.

(recommencer à lire,tout court;Wittgenstein)
  • 6.X.81
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier orange, p. 197-198


Aucune maladie,que l’on accueille comme un hôte sous son toit,ne nous permet l’incongruité de désespoir,du moins pas tant que l’on est maître de maison.
  • 19.I.83
  • Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), partie cahier violet, p. 221


Citations sur modifier

 
Se penchant sur la carte de France, elle avait découvert une ville et son nom : Aix-en-Provence. Elle y avait vu la promesse d’une santé de nouveau possible, d’une solitude et autonomie studieuse dans la conquête de cette discipline grecque entre toutes selon notre imagination : la philosophie. Elle n’avait pas trouvé la guérison mais une passion double, celle de dire et de montrer : Wittgenstein et la photographie.


La langue de la philosophie fut pour elle l’allemand, à partir de la découverte de Wittgenstein puis de Benjamin, tous deux d’ailleurs, pour des raisons différentes, des « errants », ayant vécu, longuement, dans cet état d’insularité linguistique quasi solipsiste qui la fascinait, Benjamin à Paris et Wittgenstein à Cambridge. Une raison sans doute semblable explique son attirance pour l’œuvre de Gertrude Stein.


Elle m’avait dit un jour que le négatif d’une photographie n’était pas plus important que la palette pour le peintre. Une œuvre photographique qu’elle signait était composée par sa main aidée de la lumière et de la chimie. Transposant, pour son propre usage, (et sans revendiquer une quelconque pertinence philosophique pour cet emprunt), une distinction wittgensteinienne, elle opposait l’image, vivante, à ce qu’elle nommait piction et qui n’est qu’une image « oisive ». Sur un négatif, disait-elle, il n’y a qu’une piction. Le « tirage », seul, peut la mettre en mouvement et en faire, véritablement, une image.
  • « Introduction au « Journal d’Alix » », Jacques Roubaud, dans Journal (1979-1983), Alix Cléo Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-100209-6), p. 14-15