Amin Maalouf
écrivain franco-libanais
Amin Maalouf (arabe : أمين معلوف [amīn maʿlūf]) est un écrivain franco-libanais né le 25 février 1949 à Beyrouth.
Citations
modifierLéon l’Africain, 1986
modifierQue ceux qui détiennent la vérité la relâchent !
- Léon l’Africain, Amin Maalouf, éd. Le livre de poche, 1986, p. 432
- Citation choisie pour le 13 août 2010.
Samarcande, 1988
modifierAucune cause n’est juste quand elle s’allie à la mort.
- Samarcande (1988), Amin Maalouf, éd. Lattès, coll. « Le Livre de poche », 1994 (ISBN 2-253-05120-9), partie Le paradis des Assassins, chap. XVIII, p. 139
- Citation choisie pour le 24 septembre 2016.
Les Jardins de lumière, 1991
modifierJe me demande parfois si ce n’est pas le maître des Ténèbres qui inspire les religions, à la seule fin de défigurer l’image de Dieu !
- Les Jardins de lumière (1991), Amin Maalouf, éd. Lattès, coll. « Le Livre de poche », 1993 (ISBN 2-253-06177-8), partie Du Tigre à l’Indus, chap. I, p. 108
Depuis que j’ai quitté le Liban en 1976 pour m’installer en France, que de fois m’a-t-on demandé, avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais « plutôt français » ou « plutôt libanais ». Je réponds invariablement : « L’un et l’autre ! » Non par quelque souci d’équilibre ou d’équité, mais parce qu’en répondant différemment, je mentirais. Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c’est que je suis ainsi à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C’est précisément cela qui définit mon identité. Serais-je plus authentique si je m’amputais de moi-même ?
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 1998, p. 7
Une vie d’écriture m’a appris à me méfier des mots. Ceux qui paraissent les plus limpides sont souvent les plus traîtres. L’un de ces faux amis est justement « identité ». Nous croyons tous savoir ce que ce mot veut dire, et nous continuons à lui faire confiance même quand, insidieusement, il se met à dire le contraire.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Grasset, 1998 (ISBN 978-2-246-54881-2), chap. 1. Mon identité, mes appartenances, p. 17
Mon identité, c’est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre personne.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Grasset, 1998 (ISBN 978-2-246-54881-2), chap. 1. Mon identité, mes appartenances, p. 18
- Citation choisie pour le 8 janvier 2022.
L’humanité entière n’est faite que de cas particuliers, la vie est créatrice de différences, et s’il y a « reproduction », ce n’est jamais à l’identique. Chaque personne, sans exception aucune, est dotée d’une identité composite ; il lui suifferait de se poser quelques questions pour débusquer des fractures oubliées, des ramifications insoupçonnées, et pour se découvrir complexe, unique, irremplaçable.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Grasset, 1998 (ISBN 978-2-246-54881-2), chap. 1. Mon identité, mes appartenances, p. 30
[…] c’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Grasset, 1998 (ISBN 978-2-246-54881-2), chap. 1. Mon identité, mes appartenances, p. 32
L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Grasset, 1998 (ISBN 978-2-246-54881-2), chap. 1. Mon identité, mes appartenances, p. 33
Forger l’Europe nouvelle, c’est forger une nouvelle conception de l’identité, pour elle, pour chacun des pays qui la composent, et un peu aussi pour le reste du monde.
- Les Identités meurtrières, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 1998, p. 186
Le Périple de Baldassare, 2000
modifier[...] À ceux qui ont des yeux, il est difficile de dire qu’il n’y a rien à voir de par le monde. Et pourtant, c’est la vérité, croyez-moi. Pour connaître le monde, il suffit de l’écouter. Ce que l’on voit dans les voyages n’est jamais qu’un trompe-l’œil. Des ombres à la poursuite d’autres ombres. Les routes et les pays ne nous apprennent rien que nous ne sachions déjà, rien que nous ne puissions écouter en nous-mêmes dans la paix de la nuit.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 36-37
D’autres que moi écrivent comme ils parlent, moi j’écris comme je tais.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 68
Maudits ! Maudits soient les nombres et ceux qui les cultivent !
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 104
L’amour se nourrit de patience autant que de désir [...].
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 114
[...] [J]’aime à croire que le Créateur préfère, de toutes ses créatures, justement celles qui ont su devenir libres. Un père n’est-il pas satisfait de voir ses fils sortir de l’enfance pour devenir des hommes, même si leurs griffes naissantes l’égratignent un peu ? Pourquoi Dieu serait-il un père moins bienveillant ?
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 178
[...] C’est que le cadi n’est pas seulement juge, il fait aussi office de gouverneur. Et si le sultan est l’ombre de Dieu sur terre, le cadi est l’ombre du sultan dans la ville. C’est à lui qu’il revient de maintenir les sujets dans la crainte, fussent-ils turcs, arméniens, juifs ou grecs, fussent-ils même étrangers. Pas une semaine ne s’écoule sans qu’un homme soit supplicié, pendu, empalé, décapité ou, si le personnage est de haut rang et que la Porte a décidé ainsi, respectueusement étranglé. Aussi les gens ne viennent-ils jamais traîner trop près de la résidence.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 190
[...] Les mots que l’on prononce laissent des marques dans les cœurs, ceux qu’on écrit s’enterrent et refroidissent sous un couvercle de cuir mort. Surtout les miens, que personne ne viendra lire.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 202
Une mouche a ébranlé un aigle
Et lui a fait mordre la poussière
C’est là la stricte vérité
J’ai vu moi-même la poussière.
Le poisson a grimpé au peuplier
Pour manger du goudron au vinaigre
La cigogne a mis bas un ânon
Quelle langue parlera-t-il ?- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 242
Que Sa volonté soit faite ! Je répète sans arrêt : Que Sa volonté soit faite ! Mais je prie aussi pour que Sa volonté ne soit pas trop cruelle comme elle l’est quelquefois.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 252
De ce qui est arrivé, j’ai décidé de ne parler à personne, du moins pour le moment. À qui parler, d’ailleurs ? et pour quoi dire ? et quoi faire ? Fomenter une rébellion ? Propager sur le navire la peur, la suspicion, la sédition, et prendre la responsabilité du sang qui pourrait être versé ? Tout cela est bien trop grave. Et même si le silence n’est pas la solution la plus courageuse, il me semble que je dois attendre, observer, réfléchir, en gardant l’esprit en éveil.
Heureusement que j’ai ce cahier pour lui murmurer les choses que je dois taire.
Heureusement que j’ai ce cahier pour lui murmurer les choses que je dois taire.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 336
« Me voilà devenu exilé sans avoir quitté mon pays. »
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 364
[...] Quand les amants s’étendent trop tôt, ils perdent la moitié des délices. Le premier temps de l’amour se passe debout, lorsqu’on vogue agrippés l’un à l’autre, étourdis, aveuglés, chancelants ; ne vaut-il pas mieux que la promenade se prolonge, que l’on se parle à l’oreille et qu’on se frôle des lèvres debout, que l’on se déshabille l’un l’autre lentement et debout, en se serrant éperdument après chaque vêtement écarté ?
Nous demeurâmes donc ainsi, un long moment, à dériver autour de la chambre, avec des murmures lents et des caresses lentes. Mes mains se sont appliquées à la dévêtir, puis à l’envelopper, et mes lèvres choisissaient patiemment sur son corps frémissant où butiner, où se poser, où butiner encore, des paupières qui voilaient ses yeux, aux mains qui dissimulaient ses seins, à ses hanches larges blanches dénudées. L’amante, un champ de fleurs, et mes doigts et mes lèvres un essaim d’abeilles.
Nous demeurâmes donc ainsi, un long moment, à dériver autour de la chambre, avec des murmures lents et des caresses lentes. Mes mains se sont appliquées à la dévêtir, puis à l’envelopper, et mes lèvres choisissaient patiemment sur son corps frémissant où butiner, où se poser, où butiner encore, des paupières qui voilaient ses yeux, aux mains qui dissimulaient ses seins, à ses hanches larges blanches dénudées. L’amante, un champ de fleurs, et mes doigts et mes lèvres un essaim d’abeilles.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 418-419
[...] Là-bas, la hâte et l’urgence donnaient à chaque instant une intensité rageuse ; tandis qu’ici, le temps illimité donnait à chaque geste une résonance, une durée, des échos qui l’enrichissaient et l’intensifiaient. Là-bas, nous étions des bêtes traquées, traquées par les autres et par le sentiment de braver l’interdit. Ici, rien de tout cela, la ville nous ignorait, le monde nous ignorait, et nous ne sentions nullement en faute, nous vivions à l’écart du mal et du bien, dans la pénombre de l’interdit. En marge du temps aussi. Le soleil complice se couchait avec une douce lenteur, et la nuit complice promettait d’être longue. Nous allions pouvoir nous épuiser l’un et l’autre goutte à goutte, jusqu’au dernier délice.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 419
[...] Folie ! Folie ! Mais cette folie n’est-elle pas un raccourci de ma condition de mortel ? Je rêve d’éternité quand ma tombe est déjà creusée, en confiant pieusement mon âme à celui qui s’apprête à me l’arracher. À la naissance quelques années me séparaient de la mort, aujourd’hui m’en séparent quelques heures peut-être ; mais au regard de l’éternité, qu’est-ce qu’une année ? qu’est-ce qu’une journée ? qu’est-ce qu’une heure ? qu’est-ce qu’une seconde ? Ces mesures n’ont de sens que pour un cœur qui bat.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 426
[...] Le Dieu qui mérite que je me prosterne à Ses pieds ne peut avoir aucune petitesse ni aucune susceptibilité. Il doit être au-dessus de tout cela. Il doit être plus grand. Il est plus grand, plus grand, comme aiment à répéter les musulmans.
- Le Périple de Baldassare, Amin Maalouf, éd. Le Livre de Poche, 2000, p. 500
Origines, 2004
modifierD’autres que moi auraient parlé de « racines »... Ce n’est pas mon vocabulaire. Je n’aime pas le mot « racines », et l’image encore moins. Les racines s’enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s’épanouissent dans les ténèbres ; elles retiennent l’arbre captif dès la naissance, et le nourrissent au prix d’un chantage : « Tu te libères, tu meurs ! »
Les arbres doivent se résigner, ils ont besoin de leurs racines ; les hommes pas. Nous respirons la lumière, nous convoitons le ciel, et quand nous nous enfonçons dans la terre, c’est pour pourrir. La sève du sol natal ne remonte pas par nos pieds vers la tête, nos pieds ne servent qu’à marcher. Pour nous, seules importent les routes. Ce sont elles qui nous convoient – de la pauvreté à la richesse ou à une autre pauvreté, de la servitude à la liberté ou à la mort violente. Elles nous promettent, elles nous portent, nous poussent, puis nous abandonnent. Alors nous crevons, comme nous étions nés, au bord d’une route que nous n’avions pas choisie.
Les arbres doivent se résigner, ils ont besoin de leurs racines ; les hommes pas. Nous respirons la lumière, nous convoitons le ciel, et quand nous nous enfonçons dans la terre, c’est pour pourrir. La sève du sol natal ne remonte pas par nos pieds vers la tête, nos pieds ne servent qu’à marcher. Pour nous, seules importent les routes. Ce sont elles qui nous convoient – de la pauvreté à la richesse ou à une autre pauvreté, de la servitude à la liberté ou à la mort violente. Elles nous promettent, elles nous portent, nous poussent, puis nous abandonnent. Alors nous crevons, comme nous étions nés, au bord d’une route que nous n’avions pas choisie.
- Origines, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2004, p. 9
Je suis d’une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. Nos pays sont des oasis que nous quittons quand la source s’assèche, nos maisons sont des tentes en costume de pierre, nos nationalités sont affaires de dates, ou de bateaux. Seul nous relie les uns aux autres, par-delà les générations, par-delà les mers, par-delà le Babel des langues, le bruissement d’un nom.
- Origines, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2004, p. 10
Les Désorientés, 2012
modifierÀ long terme, tous les fils d’Adam et d’Ève sont des enfants perdus.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 12
Je ne suis pas certain qu’il faille pardonner à ceux qui meurent. Ce serait trop simple si, au soir de chaque vie humaine, on remettait les compteurs à zéro ; si la cruauté et l’avidité des uns, la compassion et l’abnégation des autres, étaient benoîtement passées par profits et pertes. Ainsi, les meurtriers et leurs victimes, les persécuteurs et les persécutés, se retrouvaient également innocents à l’heure de la mort ? Pas pour moi, en tout cas. L’impunité est, de mon point de vue, aussi perverse que l’injustice ; à vrai dire, ce sont les deux faces d’une même monnaie.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 20
[...] La mort a sa propre sagesse, il faut parfois s’en remettre à elle plus qu’à soi-même. Qu’aurait pu me dire l’ancien ami ? Des mensonges, des vérités travesties. Et moi, pour ne pas me montrer impitoyable envers un moribond, j’aurais fait mine de le croire et de lui pardonner.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 32
[...] Quitter son pays est dans l’ordre des choses ; quelquefois, les événements l’imposent ; sinon, il faut s’inventer un prétexte. Je suis né dans une planète, pas dans un pays. Si, bien sûr, je suis né aussi dans un pays, dans une ville, dans une communauté, dans une famille, dans une maternité, dans un lit... Mais la seule chose importante, pour moi comme tous les humains, c’est d’être venu au monde. Au monde ! Naître, c’est venir au monde, pas dans tel ou tel pays, pas dans telle ou telle maison.
Cela, Mourad n’a jamais voulu le comprendre. Il voulait bien admettre que l’on doive s’éloigner quelque temps de sa terre natale pour se mettre à l’abri quand les combats font rage. Mais que l’on veuille vivre année après année en pays étranger, dans l’anonymat d’une vaste métropole, ce n’était pas seulement pour lui un abandon de la mère patrie, c’était une insulte aux ancêtres, et en quelque sorte une mutilation de l’âme.
Cela, Mourad n’a jamais voulu le comprendre. Il voulait bien admettre que l’on doive s’éloigner quelque temps de sa terre natale pour se mettre à l’abri quand les combats font rage. Mais que l’on veuille vivre année après année en pays étranger, dans l’anonymat d’une vaste métropole, ce n’était pas seulement pour lui un abandon de la mère patrie, c’était une insulte aux ancêtres, et en quelque sorte une mutilation de l’âme.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 59-60
[...] Un ami te déçoit ? Il cesse d’être ton ami. Le pays te déçoit ? Il cesse d’être ton pays. Et comme tu as la déception facile, tu finiras par te retrouver sans amis, sans patrie.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 64
J’aimerais tant que mes paroles aient un quelconque effet sur toi. Qu’elles puissent te persuader de te montrer tolérant avec ce pays, de l’accepter comme il est. Ce sera toujours un pays de factions, de désordre, de passe-droits, de népotisme, de corruption. Mais c’est aussi le pays de la douceur de vivre, de la chaleur humaine, de la générosité. Et de tes amis les plus vrais.
Une autre qualité de notre pays, c’est qu’on peut s’y ménager une oasis d’insouciance. Même quand tous les quartiers de la ville s’embrasent, notre village, notre vieille maison et sa grande terrasse demeurent tels que tu les as connus. Quelques amis nous y rejoignent de temps en temps, comme autrefois. D’autres ne viennent plus ; ils continueront à nous manquer, et j’ai la faiblesse de croire que nous leur manquons un peu, nous aussi.
Une autre qualité de notre pays, c’est qu’on peut s’y ménager une oasis d’insouciance. Même quand tous les quartiers de la ville s’embrasent, notre village, notre vieille maison et sa grande terrasse demeurent tels que tu les as connus. Quelques amis nous y rejoignent de temps en temps, comme autrefois. D’autres ne viennent plus ; ils continueront à nous manquer, et j’ai la faiblesse de croire que nous leur manquons un peu, nous aussi.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 64
“Moi je ne suis allé nulle part, c’est le pays qui est parti.”
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 65
[...] Les voyous qui se comportent en voyous sont en paix avec eux-mêmes ; les honnêtes gens dont les circonstances conduisent à se comporter en voyous sont minés de l’intérieur par la mauvaise conscience. Cette maladie qui a tué Mourad, je suis persuadé qu’il se l’est fabriquée lui-même avec sa culpabilité, sa honte et son remords.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 233
[...] Toute ma vie, j’ai voulu que cette région évolue, progresse, et se modernise. Mais je n’ai eu que des désillusions. Au nom du progrès, de la justice, de la liberté, de la nation ou de la religion, on ne cesse de nous embarquer dans des aventures qui se terminent par des naufrages. Ceux qui appellent à la révolution devraient démontrer à l’avance que la société qu’ils vont établir sera plus libre, plus juste, et moins corrompue que celle qui existe déjà. Vous ne croyez pas ?
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 467
Je suis venu à la rencontre d’un fantôme d’ami, et je suis déjà un fantôme moi-même.
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 515
“Je porte en mon prénom l’humanité naissante, mais j’appartiens à une humanité qui s’éteint.”
- Les Désorientés, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2012, p. 518-519
[...] Sur les chemins de la vie nous butons sans arrêt sur les encombrants cadavres de notre histoire. Mais si un jour l’humanité, lasse de se débattre avec son passé, rencontrait son avenir, saurait-elle le reconnaître ? Saurait-elle se reconnaître en lui, et poser ses mains à plat sur son corps puissant et chaleureux ?
- Nos frères inattendus, Amin Maalouf, éd. Librairie Antoine, 2020, p. 83
[...] Sans le duel avec la mort, la vie perd sa dimension tragique, et elle n’a plus la même saveur. Le sentiment d’être mortel, c’est le fondement du désir de liberté, et la raison d’être de la philosophie, comme de l’art. C’est pourquoi j’ai une tendresse particulière pour les vôtres, avec leurs frayeurs, leurs joies passagères, et leurs révoltes sans lendemain.
- Nos frères inattendus, Amin Maalouf, éd. Librairie Antoine, 2020, p. 253-254
Dans les temps anciens, la moitié des mères mouraient en couches, et la moitié des nouveau-nés mouraient en bas âge. Qui était responsable de leur mort ? Dieu, ou bien l’ignorance des hommes ? Moi je dis que c’est l’ignorance qui tue, et le progrès qui sauve. Ceux qui font de Dieu l’ennemi du progrès et l’allié de l’ignorance sont, à mes yeux, impies. Ils n’ont rien à voir avec Dieu, ni avec la religion, ni avec l’esprit pionnier de notre grande nation.
- Nos frères inattendus, Amin Maalouf, éd. Librairie Antoine, 2020, p. 301
Bibliographie
modifierRomans
modifier- Léon l’Africain, Jean-Claude Lattès, 1986.
- Samarcande, Jean-Claude Lattès, 1988.
- Les Jardins de lumière, Jean-Claude Lattès, 1991.
- Le Premier Siècle après Béatrice, Grasset, 1992.
- Le Rocher de Tanios, Grasset, 1993.
- Les Échelles du Levant, Grasset, 1996.
- Le Périple de Baldassare, Grasset, 2000.
- Les Désorientés, Grasset, 2012.
- Nos frères inattendus, Grasset, 2020.
Essais
modifier- Les Croisades vues par les Arabes, Jean-Claude Lattès, 1983.
- Les Identités meurtrières, Grasset, 1998.
- Origines, Grasset, 2004.
- Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s’épuisent, Grasset, 2009.
- Un fauteuil sur la Seine : Quatre siècles d’histoire de France, Grasset, 2016.
- Le Naufrage des civilisations, Grasset, 2019.
- Le Labyrinthe des égarés : L’Occident et ses adversaires, Grasset, 2023.
Livrets d’opéra
modifier- L’Amour de loin, 2001.
- Adriana Mater, 2006.
- La Passion de Simone, 2006.
- Émilie, 2010.